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Dimitri J. R-Queen
Dimitri J. R-Queen
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Emploi : Ancien lieutenant de la brigade criminelle de LA. Aujourd'hui dirigeant du "Brennan Pub" ainsi que detective à mi-temps.

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To say goodbye ✣ EmptyMar 18 Nov - 18:47
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

C'était apaisant, calme, limpide. Elle s'était imaginé cette scène, de temps en temps, quand son esprit n'était pas embrumé par d'autres choses. Elle avait songé à comment ce serait, après. Indianna n'avait rien prévu, elle savait, elle avait comprit que son heure était venue. Elle avait déjà frôlé la mort plusieurs fois, il fallait bien que le destin la rattrape et qu'il termine ce qu'il avait commencé. Elle avait profité comme elle avait pu de ces derniers moments, profité des petits plaisirs, des petites choses de la vie et tenter d'oublier, de pardonner aussi. Elle avait réuni au fond de sa mémoire ces moments importants, ceux qu'on veut emporter avec nous, ceux qui nous feraient presque oublier les autres, plus sombre, plus dramatique. Indianna avait cherché à fuir, d'une certaine façon, en ne disant rien, en gardant pour elle ce fardeau. Mais en regardant autour, elle ne pouvait rien leur dire : ils étaient tous à leur vie, à leurs ennuis nombreux, à leur existence si compliqué qu'elle ne pouvait y ajouter ses problèmes. Elle ne regrettait rien, elle voulait être libre au moment où il serait l'heure. Elle songea à ses frères, à Aiden, Riley et Cody, à toutes ces personnes parties avant elle. Elle songea aux autres, aux vivants, à Ashleigh son amie, sa coéquipière qui avait su redonner un sens à son errance, à Deklan, son colocataire et ami, ce musicien pas toujours doué mais tendre à souhait, à Parker aussi, cet homme qu'elle avait apprécié, ce nomade qui avait été là. Elle songea à Jackson aussi, ce paumé qu'elle trouvait touchant malgré tout, à Isla qu'elle avait peu connu mais qu'elle aurait aimé pousser vers d'autre bords, à Jude qu'elle avait aimé, d'une certaine façon. A Albane, celle qui lui en voudrait probablement de n'avoir rien dit, celle qui connaissait chaque parcelle de sa vie, sa moitié. Et elle songea à son fils, à cet enfant qu'elle avait mit au monde juste avant de le confier à une autre, à cet enfant qu'elle espérait heureux, aujourd'hui. Évidemment, quand on la connaissait, on savait qu'elle n'avait rien rédigé, rien laissé transparaître de cette dernière faiblesse. Indianna était forte, ces seules faiblesses avaient été emportées bien avant elle.

Elle était donc partie, comme ça. Sentant la fin approcher, elle avait récupéré ces affaires, payer sa part du loyer, effacer les bribes de son passé trop débridé. Elle avait louée une chambre d'hôtel, près d'un ranch, afin de se rappeler. Puis elle avait roulé un énième joint, qu'elle avait fumée devant un paysage qui lui plaisait, avant de s'en aller, doucement. La tumeur lui avait laissé un an et demi, un an de répit, un an de survit de plus. Elle lui avait laissé le temps de connaître des gens formidables, qu'elle n'avait pas toujours su complimenter. Cette tumeur l'avait donc emporté près de cette falaise où la vue était à tomber. Et c'était bien ainsi. C'était une fin digne d'elle.

***

Dimitri remonta le petit sentier longeant le cimetière. Il n'aimait pas cet endroit, il trouvait ça lugubre, froid, bien que l'automne californien était largement meilleur que celui de New-York. Il passa une main sur sa veste, jeta un regard en arrière. Ils étaient tous là, du moins tout ceux qui avaient compté pour la Reagan. Il regrettait de ne pas l'avoir connu plus, d'avoir connu que quelques moments en sa présence. Il attendit Ashleigh, lui tendis la main qu'elle saisit aussitôt. Il n'aimait pas voir ce que la mort faisait sur les gens, il trouvait ça aussi pathétique que tragique. Il n'avait probablement pas de raison d'être triste, cette Indianna avait eu une vie agitée mais pleine de rebondissement, elle avait vécu, pour lui. Néanmoins, il se sentait le coeur gros devant cette suite de gens qui se pressaient devant la tombe. Sans un mot, il se plaça en bout de fil et attendit.

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To say goodbye ✣ EmptyJeu 20 Nov - 23:25
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

J'avais horreur de ça, de ce genre de cérémonie. Pour y avoir trop assisté, probablement. Ma grand-mère, Sean... Et les ''collègues'', engoncée dans un uniforme. Oui, non, les enterrements ça n'avait jamais été mon truc. Je sais, ce n'était le truc de personne, mais je savais si peu gérer mes émotions que c'était particulièrement difficile. Et jusqu'à présent je n'avais pas trouvé le temps de faire face à la mort d'Indie. Deklan m'avait appelée, dans la panique, lorsqu'il avait appris la nouvelle. Parce qu'il ne savait pas gérer ça et j'ignore pourquoi il avait pensé que je m'en sortirais mieux. Bordel, c'était qui l'aîné dans l'histoire ? J'étais allée chez eux, chez lui, n'avais même pas bronché à la présence d'Isla. J'avais lu le courrier et en étais arrivée à la conclusion que, oui, c'était bien vrai. J'avais ensuite pris sur moi pour prévenir les autres, même Albane, par respect pour Indie. Comme un retour dans le passé, comme lorsqu'on devait annoncer aux familles le décès d'un proche lors d'une enquête, l'une des parties les plus horrible du travail. Ces derniers jours je m'étais davantage comportée comme un parfait petit robot qu'autre chose, j'avais mis mes sentiments sur off, et ma vie en général, le temps d'aider à organiser la cérémonie. Tant de détails à gérer, de gens à voir...

Et puis, ce matin, j'étais restée immobile une bonne heure devant mon dressing, incapable de me décider, de me bouger, totalement éteinte devant mes fringues. Le noir. C'était la réponse de tout le monde face à ce genre d'épreuve. Le noir, si sombre, si classique. Trop classique ? D'un autre côté, se pointer à un enterrement en jeans et baskets, ça ne le faisait pas du tout, c'était déplacé. Voilà, je me retrouvais face à un dilemme totalement futile et qui me semblait parfaitement infranchissable. Jusqu'à ce que mon regard se pose sur la robe. La petite robe noire que j'avais acheté sur un coup de tête mais que je n'avais jamais porté. La robe sur laquelle Indie était tombée une fois, alors que pour une urgence je les avais hébergés avec le frangin. Elle avait émis un sifflement, l'avait sortie du dressing et m'avait fixée, pour ensuite me demander à la plaisanterie pourquoi je ne l'avais jamais mise pour le boulot. J'avais simplement répondu que cette robe ce n'était pas moi, que c'était too much. Elle avait ri mais m'avait faite jurer qu'elle me verrait au moins une fois dedans, avec ses sous-entendus qui m'avaient aussitôt rappelé sa bisexualité affirmée. Ce souvenir me fit rire et pleurer à la fois. J'avais l'horrible impression de ne pas l'avoir assez connue et pourtant elle avait pris une place importante dans ma vie sans que je le réalise. En plus d'être devenue une amie par le biais de Deklan, elle était devenue une partenaire, une associée. Et de mon point vue, c'était quelque chose de fort, car ça demandait une confiance en l'autre, confiance qui m'était étrangement venue alors que je savais si peu sur elle, au fond. Et je n'aurai jamais la chance de l'emmerder, de lui poser des questions sur sa vie.

C'est donc dans cette robe que je sortie de mon appartement. Certains pensaient que les défunts nous regardaient de la haut. J'ignorais si j'y croyais ou non, mais dans le doute, voilà, elle me verrait. C'était absurde, probablement, mais je restais dans l'idée que ça l'aurait fait sourire. Mes talons hauts claquant sur le macadam, j'avais rejoint la voiture de Dimitri qui avait accepté de passer me prendre. Je ne me voyais pas conduire, je n'avais pas l'esprit suffisamment clair pour ça. Et qui mieux qu'un ancien partenaire pour m'accompagner à l'enterrement de la dernière que j'avais eu ? Il me connaissait assez pour ne pas tenter de me parler, pour ne pas faire la connerie de me demander comment j'allais. Il ne fit pas non plus l'erreur de commenter ma tenue, ce style qui ne me correspondait nullement. On roula en silence, on arriva en silence. L'étape que je redoutais bizarrement la plus, rejoindre les autres, leur compagnie. J'appréhendais les accolades, les contacts physiques, c'était ma kriptonite, ce qui pouvait faire céder le barrage et sortir les larmes, les émotions. Du moment qu'on ne m'approchait pas, je pouvais coller un sourire sur mes lèvres, prétendre que je gérais. Et déjà, leurs visages étaient des coups de poing dans l'estomac. J'évitais de les regarder et prêtais une soudaine fascination pour mes escarpins, limitant les salutations au minimum syndical. Trop tôt, pas prête. Je pris la main de Dimitri sans me faire prier, le remerciai d'une pression sur ses doigts et avançai jusqu'à la tombe, maudissant le claquement de mes talons. L'attente allait être horrible. La mise en terre encore plus. La réalité, difficile à digérer.

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Parker H. Bernstein
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

Il y avait des morts, partout, tout le temps. À la pelée, à s'en foutre, royalement. Des étrangers, des nombres, des statistiques, des noms qui se glissaient entre le compte-rendu du match de la veille et une pub pour une bagnole. C'était ancré dans le quotidien de tout le monde, les pensées, aussi, un carrefour inévitable, une fin, simplement. Ouais, parler de mort, c'était comme commenter le temps, beau ou mauvais, on s'en fiche, c'était banal, ennuyeux, passe-partout. Et puis, un jour, ce n'est plus d'un civil dans une guerre à l'autre bout du monde, d'un gaillard qui a marqué la culture, une fois, il y a longtemps, ou d'un inconnu que personne n'est venu réclamé sur une table d'autopsie dont il est question. Ce n'est plus un étranger, un pion, ce n'est plus les autres que ça touche, ce n'est plus un visage qu'on n'a jamais remarqué, qu'on ne verra plus et que, de toute façon, on ne regarde même pas - non, un jour, c'est un proche qui fait gonfler les statistiques. Un rire, un passé, des souvenirs, une vie qu'on a côtoyé, par intermittence, plus ou moins longtemps, plus ou moins intensément. Et là, ça chamboule la donne, ça marque, ça déséquilibre, ça interpelle, ça interrompt ce quotidien qui, pourtant, baigne là dedans, depuis toujours, tout le temps. Un proche qui s'en va, c'est une pause, une coupure dans sa propre vie, une marque de temps qui arrive tôt ou tard, mais toujours trop tôt. On s'y attend, parfois, mais on n'y est jamais suffisamment préparé pour autant, et, d'autres fois, on ne voit rien venir, et on n'a plus qu'à se confronter à la réalité de la chose, comme ça, sans avoir pu épousseter les armes en prévision, sans savoir quoi dire au bout d'un fil qu'on avait décroché en pensant à tout, sauf à ce qu'on vous y annonce. Sans savoir quoi faire, non plus, quand on encaisse le choc, ou du moins qu'on se le prend en pleine tronche, et qu'on n'a plus qu'à faire avec. Faire avec l'étonnement, le déni, l'incompréhension, la révolte, une révolte qu'un verre, un fix ou une nuit, blanche, n'apaiseront pas, empireront, et faire avec la tristesse, qui collera à la peau, pèsera sur les gestes, se peindra sur les visages.

Des visages, voilà ce qui se détache du décor, au loin, alors que je referme la portière de ma voiture sur le parking et que j'attends que Jackson ait fait de même pour la verrouiller, des visages, tous familiers, mais jamais sous ces teintes-là. Pas d'inconnus, pas de foule qui se presse autour du cercueil, non plus. Je ne parvenais pas à  me décider quant à si c'était pour le mieux ou le pire, des anonymes auraient allégé la chose, peut-être, l'aurait simplifiée, égoïstement - se caler entre deux âmes peinées  dont on se fiche et qu'on ne côtoiera plus avait quelque chose de rassurant, de facile. Pouvoir s'y remettre, s'y accrocher et ignorer les autres, qu'on connaît trop bien pour que leur propre peine n'entache la stoïcité de la sienne. Ouais, ça aurait été plus simple, mais Indie était partie sans prévenir, sans rien dire, et, au fond, il n'y avait rien de surprenant à ne croiser que cette poignée de regards amicaux, ou, en tout cas, communs, lorsque l'on rejoint la dernière étape des voyages de la brune. Elle avait voulu gardé le secret quant à son état, alors puisqu'on le trahissait - naturellement - déjà un peu à l'instant présent, en faire toute une fanfaronnade, elle aurait trouvé ça con... Même si je ne peux que me confronter à la crue vérité qu'elle n'aura jamais plus d'avis là-dessus, ou sur quoi que ce soit d'autre. Je me glisse entre deux, réponds aux faibles salutations et discrets hochements de tête que certains lancent, j'effleure quelques regards tandis que je m'applique, en revanche, corps et âme à éviter celui de la jeune femme, qui n'est désormais plus que l'image sur papier glacé, inerte, figée, d'un cadre posé sur quatre planches de bois.

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To say goodbye ✣ EmptyMar 25 Nov - 23:04
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

Elle n’avait jamais imaginé en arriver là. Elle n’avait jamais imaginer devoir enterrer Indie. Depuis le jour ou la brunette l’avait sauvé d’une passe qui aurait surement précipité sa perte, Albane n’avait eu de choix que d’imaginer la jeune femme invincible. Indie était belle, Indie était forte, Indie était. Maintenant elle n’est plus. Et cela semblait tout bonnement impossible à envisager. Albane avait pourtant une affection certaine pour les enterrements et la douleur causée par la perte d’un être cher. Ces sentiments puissant et destructeur la faisaient souvent, plus qu’aucun autre, sentir vivante, humaine et pourtant si forte. Si elle pouvait dépasser le chagrin, la peine, la perte, elle était celle qui était, qui serait. Elle avait pourtant eu peu d’occasion de se sentir brisée et vulnérable. Outre les enterrements en grande pompe d’aussi augustes que méconnus membre de la famille, elle n’avait eu à mettre en terre qu’un ancien petit ami qui s’était suicidé peu après leur rupture. Et si la plaie c’était refermé rapidement, elle se souvenait du sentiment de dévastation auquel elle avait du faire face le jour de l’enterrement et dont elle s’était délectée avec une délicatesse presque malsaine. Mais aujourd’hui il n’en était rien. Toute la douleur du monde, toute la beauté maléfique de la puissance des sentiments ne pourraient la réjouir. Indie n’était plus. Indie avait choisi de partir, de la laisser, dans l’ignorance la plus totale, dans le silence, et dans l’oubli. Indie l’avait oublié, ignoré. Indie s’était tué à petit feu depuis des mois dans le silence le plus parfait. L’invincible, l’immortelle avait ployé sans un mot, sans un au revoir. Et Albane n’arrivait pas à le concevoir. Connaissant son amie, elle s’attendait encore à la revoir surgir dans six mois, un an, ou plus sur le pas de sa porte, son sourire éternelle et triste sur les lèvres l’air de dire « c’est moi, ça m’a pris plus de temps que prévu, mais je suis là. » Elle avait ces mots qui lui résonnait dans la tête « je suis là. » Elle l’avait été, là, contre vent et  marée, depuis qu’elle l’avait sauvé. Et dieu ce qu’elles étaient différentes pourtant. Dieu ce qu’elles étaient mal assorties aussi. Mais cela fonctionnait. Cela avait fonctionné. Cela ne fonctionnerait plus jamais. Elle ne serait plus jamais là. Et cela, Albane n’arrivai pas à l’envisager.

Lorsqu’elle avait vu Ashleigh dans l’entrée du MOCA, elle avait levé les yeux aux ciels. Cela avait été un mouvement imperceptible, et pourtant clair. Elle ne voulait pas voir la blonde maintenant. Albane n’était pas stupide ou niaise, et elle savait parfaitement sur quel terrain elle se situait avec l’ancienne partenaire de Dimitri. Elle ne lui en voulait pas, son allégeance était naturelle. Dans une rupture aussi violente qu’avait été la leur, il était normal que chacun reparte avec ces amis et que la hache de guerre soit tirée. Albane ne craignait pas Ashleigh, mais lorsqu’elle avait vu la Galloise surgir sous ces yeux, ces épaules s’étaient affalées dans un soupire. Ashleigh pouvait lui en vouloir, mais de la à venir lui faire part de ses pensées mauvaises à son sujet sur son lieu de travail, c’était probablement un peu osé. Lorsque la Galloise avait demandé deux minutes en privé, elle avait trouvé ça culotté. Mais Albane était bien élevée, elle avait des manières, et elle avait fait rentrer Ashleigh dans son bureau. Et puis les mots étaient sorti, sans aucune animosité, avec le plus de douceur dont on pouvait faire preuve dans ce genre de circonstance. Et c’était comme ça qu’elle était morte pour Albane. Sur les lèvres d’une femme qui la détestait cordialement.

Albane était resté droite, forte, et muette. Ces cils n’avaient pas bougé. Ces doigts étaient restés figés dans une tentative d’effleurer un dossier. Elle avait fini l’affaire dans une politesse trop parfaite. « Merci de m’avoir prévenue. » Et elle l’avait raccompagnée, en douceur, quand elle avait envie de la jeter à la porte. On haïssait toujours le messager des mauvaises nouvelles. Et si Albane n’avait pas tant d’éducation et de sang-froid, cela aurait été tout son bureau qui serait passé à la tête de la Galloise. Après avoir raccompagné Ashleigh, elle était rentrée dans son bureau, et sans crier gare elle avait vomit son ressentiment. Elle avait vomit l’ignorance dans laquelle Indie l’avait laissé. Elle avait vomit la sensation de solitude qui l’étreignait désormais jusqu’à l’asphyxie. Elle avait vomit la perte, l’abandon. Elle avait vomit son amie et tout ce qu’elle lui avait jamais dit. Elle aurait voulu la haïr pour le visage ravagé qu’elle avait du offrir à Max qui était rentré au mauvais moment. Mais on ne haït pas quelqu’un parti trop tôt. On ne haït pas la meilleure partie de sois.

Aujourd’hui, Albane avait tout fait par automatisme. Elle avait enfilée la parfaite robe noire, les parfaits escarpins, le manteau parfait. Elle ne s’était pas coiffé, ne s’était pas maquillé, ou très peu, Indie la préférait toujours au naturelle, sans ces codes mondains plaqués sur la figure, sans qu’elle soit tirée à quatre épingles de la racine de ses cheveux jusqu’à ces orteils. Cela tombait bien, elle n’avait pas la foi de jouer un jeu. Elle n’avait pas la foi d’épingler dans ses cheveux les valeurs e la perfection de sa famille. Sur le moment elle n’avait pas eu la foi d’y aller non plus. Elle savait qu’elle n’allait trouver que des visages peu amicales, et elle ne se sentait pas prête à gérer ses sentiments face à des gens qui sauteraient probablement sur la première occasion pour la mettre sur un bucher. Indie avait été beaucoup, mais un instant, aveuglé par la douleur, et la colère, elle s’était dit que si elle n’avait rien voulu lui dire, elle ne méritait surement pas qu’elle se déplace pour elle. Il lui avait fallu un coup de téléphone de la part de Max pour la remettre sur le bon chemin. Elle était une gamine stupide qui refusait d’affronter la vérité, et qui ne voulait pas se rendre à l’enterrement pour ne pas avoir à la supporter. Elle ne voulait pas voir elle le corps. Elle ne voulait pas enterrer la seule personne qui avait compté en dépits de tout jeu de pouvoir, d’art, de politique et d’apparence. Elle voulait s’enterrer dans son fantasme qu’un jour, elle la verrait à nouveau sourire sur le pas de sa porte, et qu’elle l’entendrait lui dire « je suis là. » Elle ne voulait pas marché dans l’allée de pierres froides dévorées par les mauvaises herbes de l’oubli pour exploser son rêve éveillé.

Mais elle y était allée, et le cliquetis assuré de ces talons avaient supplanté celui douloureux de son coeur. Et pour la première fois de sa vie, elle ne se ressemblait pas. Elle ne portait ni sa fierté légendaire, ni cette fausse perfection apparente. Les mains dans ses poches pour dissimuler ses ongles qui creusent jusqu’au sang ces paumes pour s’empêcher de pleurer, elle regarde ces pieds. Elle remarque une tâche, et elle se dit qu’elle s’en fou. Elle se dit qu’Indie s’en fou, surtout, parce qu’elle est morte, et que de là ou elle est, elle ne risque pas de la voir cette foutue tâche. Elle voudrait jeter sa chaussure à la face du ciel pour la montrer cette foutue tâche. Qu’elle la voit bien, de la haut. Parce que cette foutue tâche, ce truc qui ne partira jamais et qui rendra cette paire de chaussure tout à fait inutilisable à la vie en société, c’était exactement ce qu’Indie était devenue pour Albane. Elle ne relèverait pas la tête. Elle marcherait dix pieds derrières tout le monde pour ne pas être vue, pour ne pas être sentie, pour ne pas dérangée. Lorsqu’elle leva légèrement ces prunelles vertes pour venir croiser celle froide et morte de l’image glacée d’Indie elle serra plus fort ses points, et se retourna de manière à tourner le dos à tout ceux qui de toute façon ne lui prêteraient pas un regard.

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To say goodbye ✣ EmptyMar 2 Déc - 23:30
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

La vie n'était qu'une salope. Ouais, j'voyais pas comment mieux la décrire. On pourrait en vanter ses mérites, je n'y croirai pas, je n'y croirai plus. Depuis gamin, on nous dit qu'il faut la choyer, que c'est un putain de cadeau, qu'il faut profiter de chaque instant et être reconnaissant. Du moins, c'était ce que grand-mère nous avait toujours dit, elle et sa foutue religion. J'avais connu de bons moment, c'était vrai, rencontré des personnes qui faisaient désormais partie de ma vie et c'était cool, génial, certes. Mais à part ça... Nous faisait-elle vraiment des cadeaux ? Je n'étais pas à plaindre, je le savais. Ma vie était assez ordinaire, sans grosses emmerdes, je pense même que j'étais chanceux à ma manière. Dernièrement c'était même plutôt sympa. Mais pour une histoire d'équilibre, sans doute, il y avait eu le retour de bâton. Le coup de massue. Parce que ce n'était pas normal, que ces coups de bol n'étaient probablement pas dans l'ordre des choses. Ça m'était tombé sur la gueule par un soir des plus banal. Avec Isla, on s'était terré à l'appart, elle s'était mise en cuisine et même que pour une fois je n'avais pas perturbé ses plans, que la poisse Monaghan n'était pas intervenue et que rien n'avait cramé. Bref, la soirée aurait due être parfaite. Puis j'avais eu la connerie d'aller prendre le courrier. Pourquoi ? Mystère, c'était pas dans mes habitudes, ou alors je cherchais juste un prétexte pour ne pas être dans ses pattes. Enfin bref, j'étais descendu le prendre, sifflotant comme un abruti et j'étais même revenu guilleret à l'appart, prêt à savourer le repas, mais non, non, il avait fallu que je regarde le courrier en plus de juste l'avoir monté. Et j'étais tombé sur cette lettre étrange, venant d'un bled que je ne connaissais même pas. Intrigué, je l'avais ouverte et une chape de plomb s'était abattue sur moi. J'étais d'abord resté sonné, la lettre en main, incapable du moindre mouvement, à tourner et retourner la nouvelle dans ma tête, à décortiquer chaque mot de cette foutue lettre. Ça ne pouvait pas être vrai, c'était probablement une mauvaise blague. Indie allait bien, là où elle était, peu importe où elle était. Car on ne meurt pas comme ça, d'un coup, pas sans raison. Et pour ce que j'en savais, elle avait dû partir dans un road trip. Elle avait une longue vie devant elle. Drôle, dynamique, la meilleure colocataire qui soit. Elle ne pouvait pas avoir passé l'arme à gauche. C'est là que, inquiète de mon mutisme soudain, Isla m'avait pris la feuille des mains, confirmant ce que je refusais d'admettre. Elle était bel et bien morte. J'avais évité le regard d'Isla, pas vraiment prêt à l'affronter, à y voir mon reflet. Et puis j'avais pété les plombs, j'avais envoyé valser la table de salon du pied avant d'attraper le manche de ma guitare et de l'exploser contre le mur.

Qu'est-ce qu'une guitare comparé à une vie qui s'est éteinte ? Rien. Indie était morte, j'avais perdu ma colocataire, mon amie. Celle qui avait su me tolérer, partager ma vie. Qui venait d'en sortir aussi soudainement qu'elle y était entrée. Je ne sais pas pourquoi mais, paumé, j'avais appelé ma sœur après mon coup de colère. J'étais pourtant l'aîné, celui qui se devait d'être plus responsable, plus à même de régler les problèmes, du moins, dans la logique des choses. Surtout que le courrier m'était adressé. Mais non, j'avais appelé Ashleigh en renfort. Probablement parce qu'elle a toujours été celle des deux Monaghan qui avait le plus la tête sur les épaules. Ou encore parce qu'elle avait accompagné notre mère dans les démarches à la mort de Sean et qui savait donc à quoi s'attendre. Elle saurait quoi faire, contrairement à moi et aurait peut-être la tête plus froide. C'était assez effrayant de voir à quel point son ancien boulot l'avait encore plus endurcie qu'elle ne l'était déjà, mais cela avait ses bons côtés, hé. Et j'en profitais, j'en abusais. Étrangement elle ne broncha pas et se mit à la tâche rapidement une fois que je lui avais annoncé la nouvelle ce qui me permit de gérer les choses à ma façon, sans obligation. Les restes de Betty me narguaient, là, gisant sur le sol alors qu'on se préparait. Comme s'ils se foutaient de ma gueule. Les yeux bouffis, le nez rougi, le teint blafard, on aurait dit un grippeux. Même mes cheveux, dont les épis étaient pourtant imbattables en temps normal, étaient aplatis sur mon crâne, en berne. Je m'étais même rasé de près. J'étais tout bonnement méconnaissable, l'ombre de moi-même. Sans parler de ce costume. Damn ! J'avais comme pris un coup de vieux, je me serais bien cogné moi-même. Surtout que cette putain de cravate allait me rendre barge ! C'était pas faute d'avoir vu plusieurs épisodes de Barnaby, j'aurais dû savoir le faire, mais j'avais tellement évité ce genre d'accessoire que c'était un défi que je ne parvenais pas à relever. Je pestais, râlais tout ce que je pouvais avant de m'avouer vaincu. C'est penaud que je m'étais tourné vers Isla. Mais je n'avais rien eu à dire. C'était comme ça, ça avait toujours été comme ça. A croire qu'elle arrivait à décoder mon attitude, mon visage, ou l’intonation de ma voix. A croire qu'elle me connaissait mieux que moi-même. C'était un brin flippant mais ça me confortait dans l'idée que c'était la bonne, que c'était celle qu'il me fallait. Et que donc, la prise de tête avec Ash valait la peine. Isla était peut-être sa BFF, mais c'était la femme de ma vie, que ça lui plaise ou non.

La blonde n'avait pas voulu venir avec nous, sûrement parce qu'elle boudait encore Isla, ou autre connerie du genre que moi, pauvre mâle, je ne pouvais pas comprendre. Mais d'un côté ça m'arrangeait. On n'avait pas eu à faire un concours d'insensibilité génétique et j'avais pu me laisser aller à ma peine sans qu'on se moque de moi. Quand on est arrivés, tout le monde était déjà là. Assemblée étrange car dans un contexte inhabituel. On était hors de notre zone de confort, la dynamique était perdue. Les mines étaient déconfites, le silence pesant, des salutations étant parfois lâchées mais à voix basse. Je tenais la main d'Isla alors qu'on les rejoignait devant le cercueil. J'adressai un signe de tête en guise de salut aux regards que je croisais alors qu'on prenait place. Cela sembla être le signal de départ car le prêtre se racla la gorge avant de commencer son speech. C'était à peine si je l'écoutais. Ce n'était que des mots mis bout à bout pour moi. On ne connaissait de la vie de notre amie que ce qu'elle avait bien voulu qu'on sache et ce discours n'aiderait en rien. Mon regard fixé sur le portrait, je préférais me remémorer notre rencontre, ou encore les quelques prises de bec absurdes durant la colocation. C'était plus représentatif de la Indie qui me manquerait, qui nous manquerait. Je passai un bras autour des épaules d'Isla et la pressai contre moi. Une touche de réconfort dans ces derniers adieux. « Tu crois qu'il va parler de LA nuit qu'on a partagée avec elle ? » Que je lui murmurai à l'oreille dans une tentative de plaisanterie. Parce que tout ceci était trop sérieux, que ça sonnait faux.

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Isla L. Hamilton
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

J’attendais patiemment Deklan, assise sur le canapé, muette. Je n’avais absolument rien d’autre de mieux à faire de toute façon. La gorge nouée, les doigts qui se triturent, je fixais l’horloge comme si la moindre minute, la moindre seconde avait doublé en temps, avait pris de l’ampleur, était incapable de passer rapidement d’une à l’autre. Et malgré tout l’effort que je mettais à compter, à suivre l’aiguille des pupilles, à ne faire que ça, vraiment, la scène rejouait encore et encore. Les néons d’hôpital, la civière qui poussait les portes dans un écho à travers les couloirs, les paroles rapides, entrecoupées, les patients, les gémissements, les pleurs aussi. 1 seconde, 2 secondes, 1 minute. Je n’avais même pas remarqué que j’avais enfoncé mes ongles bien profondément dans mes doigts lorsque Deklan avait ouvert la porte de sa chambre et qu’il s’était approché de moi, tout aussi silencieux, tout aussi perdu à travers le fil de ses pensées. Sa cravate. Au ralenti, parce que je ne m’en sentais pas la force de toute façon, je m’étais levée et avancée dans sa direction, les mains tremblantes se maîtrisant comme elles le pouvaient, le temps de passer au nœud et de le faire comme je l’avais appris, comme mon père me l’avait montré, comme il l’étreignait le jour où… Le regard rougi de Deklan me rappela à l’ordre et je me concentrai à ma tâche, nouant, passant dans un sens puis dans l’autre, en profitant pour caresser du bout des doigts le tissu, et pour apposer un baiser délicat sur sa joue, sur sa mâchoire tendue. Appuyée sur son épaule, je pris bien le temps de fermer les yeux sous le contact, profitant de chaque cliquetis d’horloge, de chaque rappel à l’ordre. Je n’y pouvais rien si chaque fois, chaque départ, chaque adieu sonnait comme celui trop rapide d’une famille déchirée, comme un abandon, comme un échec. Le souvenir de la fuite précipitée, de son absence de nouvelles, du manque qu’elle avait fait sans même s’en douter la journée où je m’étais réveillée en ne la croisant pas à la cuisine, des soirées où on l’attendait pour un dîner improvisé, imaginé à la va vite à l’épicerie en calculant toujours pour trois en cas de voir sa silhouette passer finalement le pas de la porte. Ma mère, mon père, Indianna, c’était du pareil au même. Chaque fois, la sensation d’étouffer une histoire qui aurait dû continuer, qui aurait pu continuer, qui aurait eu toutes les chances de se poursuivre encore mais qui s’était vue abrégée parce que voilà, on pouvait jamais décider, on pouvait jamais prévoir. Juste attendre.

J’attendais, donc. Que Deklan pose sa main dans mon dos, m’entraînant à le suivre. Que la voiture démarre, qu’on s’engouffre sur la voie rapide. Qu’on se braque à des constructions, qu’on doive imaginer un autre chemin, qu’on slalome à travers la ville. Qu’on évite nos regards vides, absents, mais qu’on ne se lâche pas la main, non, jamais. Qu’on se gare, qu’il me rejoigne à l’extérieur, qu’il passe ses doigts entre les miens, poigne presque aussi forte que celle que je maintenais à la sienne. Apparemment les derniers arrivés vu le rassemblement un peu plus loin, il accéléra le pas et j’attendais toujours. J’attendais qu’on les rejoigne, qu’on s’installe, que je reconnaisse quelques visages familiers, que j’en évite d’autres rien que parce que je doutais encore de ma relation avec eux. Avec elle. Ashleigh. Je la repérai de suite, en retrait, près de Dimitri, le regard fixe, absent. Indie avait été une amie, une tornade, un fantasme, un souvenir, mais elle avait aussi été la meilleure amie de quelqu’un, ici. La sœur, peut-être, pas de sang certes, mais encore. La famille pour l'un, l’amour d’un autre. Ma paume se pressa un peu plus contre celle du Monaghan, luttant contre moi-même, évitant de tenter d’attirer le regard de l’autre du nom, refusant la vague d’émotions qui me traversait de nouveau, qui me secouait vu la situation. J’entendis au loin le prêtre commencer ses éloges, paroles embrumées à travers quelques sanglots entendus derrière moi, ou était-ce à gauche, ou devant? Mon souffle lent, lourd, qui bloquait un peu trop souvent à mon sens dans ma gorge, des rires, des blagues partagées avec Ash, des souvenirs, des débats partagés avec Indie, des idées qui se mélangent, des visages qui se retrouvent et ma tête, déjà pleine à craquer, et que je secoue bien malgré elle, alors que je sens le souffle de Deklan rejoindre ma nuque.

« Tu crois qu'il va parler de LA nuit qu'on a partagée avec elle ? » Je me redresse, ne perdant pas le contact avec le prêtre, à quelques mètres de nous, mais sentant un sourire, un fin sourire se dessiner sur mes lèvres. Indie, pleine de risques. Indie qui disait oui, à tout, tout le temps. Qui osait, bien plus que je ne le ferais de toute ma vie. Qui avait tout accepté, tout assumé, tout essayé. Qui se moquait de ma timidité, qui m’avait montré à bras ouverts ce que c’était, la vie, la vraie. Indie qui riait avec tout le cœur qu’elle avait, qui était la personne la plus intègre, la plus honnête, la plus vraie que j’avais connue. Qui ne mentait pas, qui se plaignait encore moins, qui se battait. Une battante, forte, fière, belle, brillante. Que je n’avais connue que trop tard, mais qui me marquerait pour longtemps encore. J’aurais pu parier. « J’étais certaine d’avoir détruit les preuves vidéos, pourtant… » Je relance, parce qu’à deux, c’est ce qu’on sait fait de mieux. Se changer les idées, s’accompagner encore et toujours, surtout en ce moment. « Ou alors, peut-être qu’il va mentionner toutes les insultes qu’elle m’a sorties quand je finissais le jus d’orange? » Nouveau sourire, un peu plus assumé celui-là, quand je me dis que tout ce qu’elle m’a jadis balancé à la tête était justifié. Mon index se perd à travers les jointures du gallois lorsque finalement, je souffle « Indie était une fille bien, vraiment. »

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To say goodbye ✣ EmptyJeu 4 Déc - 17:11
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

Jackson en connaissait long sur les enterrements. Du moins c’était ce qu’il se disait. A huit ans, il avait enterré sa mère. Il se souvenait d’un truc triste. Mais ce n’était que ça, au fond, un truc. Ce n’était pas clair dans sa mémoire, et au fond, il savait qu’il ne cherchait pas à éclaircir les détails. A huit ans, il avait enterré sa mère, et parfois il pensait qu’il s’était enterré vivant avec. Puis il avait enterré sa soeur, des années plus tard. Enfin enterré. Il n’y avait pas eu de corps à mettre en terre, juste une plaque commémoration et plein de fleur. Puis, pour tout dire, il n’y était même pas allé. Mais dans sa tête, il avait enterré sa soeur. Il l’avait enterré sous des rails de coke, à se détruire la vie. Il l’avait enterré pendant trois ans dans une cellule humide et malodorante. Et elle n’était pas morte. Ironie, puisque c’était celle qu’il avait enterré avec le plus de ferveur. Il avait enterré son père, l’année dernière. Et déjà, ce n’était devenu qu’une formalité. Ce n’était qu’un corps que l’on met en terre et dont on entendra plus parler. Quand on avait jeté la première pelleté de terre, il avait voulu hurler « bien fait. ». Il ne l’avait pas fait. Tant mieux. Mais il avait une certaine habitude des enterrements. De là à ce que l’on puisse dire qu’il avait pris le plis, c’était peu probable. On ne devait pas prendre le pli de ce genre de chose. Mais aujourd’hui, en ce moment, il avait de toute façon la tête ailleurs. Tout aurait pu lui passer dessus aujourd’hui qu’il n’aurait pas bronché. Lorsqu’il s’était réveillé aujourd’hui il avait eu le sentiment qu’aujourd’hui tout serait un leurre. Il venait d’ouvrir les yeux, mais à l’intérieur tout était encore clos. Rien n’existait à l’intérieur de lui. Il ne pouvait pas manquer l’enterrement, notamment parce qu’il créchait chez Parker, et que ce dernier y allait, mais lorsqu’il s’était levé il avait pris conscience de la triste vérité. Aujourd’hui il serait le putain d’insensible au fond, avec le visage impassible de celui que cela ne touche pas. Et ce n’était pas que ça ne le touchait pas. Quelque part bien au fond, il était sûr qu’elle lui manquait. Il en avait pas eu tant que ça des potes avec qui il n’avait pas couché. Ca devait suffire à la rendre importante. Mais aujourd’hui, ces temps si, y avait rien d’important. Jackson n’était pas là.

L’esprit vide il se fondait plutôt bien dans le paysage finalement. Il avait la moue déconfite de celui qui n’existe pas, ça pouvait passer pour une figure du deuil. Pour se rassurer il se dit qu’Indie n’aurait pas voulu de tout ça. Peut être même qu’elle aurait été capable de se déshabillé sur sa propre tombe et de danser en riant. Il aurait pu rire à cette pensée, mais il s’était retenu. Un sourire lui avait échappé, mais avec un peu de chance personne ne l’avait vu. De toute façon tout le monde observait l’endroit ou Indie disparaîtrait. Ils étaient tous heureusement trop occupé avec leur propre deuil pour remarquer Jackson qui s’en fou. Dans le vide intersidéral qui remplissait le vide entre ses deux yeux il ne pu s’empêcher de penser qu’il ne faisait définitivement jamais rien comme il le faudrait.

Tout ça l’emmerdait. Mettre Indie en terre l’emmerdait. Voir les mines déconfites de ses amis à cause de ça l’emmerdait. Savoir qu’il ne serait pas quoi dire, pas quoi faire pour réconforter un seul de ses amis l’emmerdait encore plus. Et puis qu’on se le dise, la brunette allait réconcilier le gallois mieux que lui. Et Ashleigh et Parker trouverait bien un moyen de se réconcilier à leur façon. Quand aux deux autres, ils ne les connaissaient pas vraiment, et n’avait pas envie de les connaître sur les restes d’une amie. Alors, de toute façon, il était la septième roue du carrosse, celui qui ne pleurerait pas. Celui qui arriverait surement à faire quelque chose d’incroyablement déplacé si on lui laissait l’occasion. S’il n’était pas si vide, il aurait rigolé d’avance à la simple pensée de la tête qu’ils feraient s’il sortait quelque chose d’incroyablement indélicat. Peut être qu’ils hausseraient tous leur épaule, l’air de dire, c’est du Jackson tout craché. En même temps, il voulait se dire que c’était du Indie tout craché aussi, elle non plus elle n’était pas fonctionnelle. Ils s’étaient rencontré dans un couloir de prison il faut dire. C’est quelque chose.

Alors il voyait tout le monde, l’émotion latente au fond de leur gorge, les larmes presque au bord des yeux, et il ne ressentait rien. Rien si ce n’est un ennui profond, et un manque cruel d’alcool. Bon, pour ça, si tout se passait comme prévu, il finirait bien vite au bar, et ça se règlerait vite. Si les autres étaient dans l’ambiance. Mais il n’y avait rien de tel qu’une bonne mort pour provoquer une cuite général, non ? Il avait eu des mois de trou noir après la « mort » de Savannah. Et puis la mort de son père avait été le prétexte pour une cuite entre frangin, quand bien même ils ne comptaient pas le pleurer. Et puis, elle aimerait ça Indie, non ? Une bonne cuite à son nom ! Mais jusque là, ça sentait surtout l’herbe fraichement coupé et encore un peu humide, ses baskets so teenager n’allait pas trop kiffer. Jusque là, ça sentait l’odeur légèrement salée des larmes, bien qu’il ne puisse pas encore voir les visages s’effondrer derrière un rideau de pluie. Jusque là ça sentait… L’encens ? What the hell. Et puis pas le genre d’encens qu’Indie aurait peut être fait grillé dans l’appartement. Quoiqu’elle était plutôt du genre à se griller une clope ou un joint qu’une plaquette d’encens, mais bon. Mais non ça sentait l’encens d’église. Il releva le nez vers le prêtre. Le prêtre. Le prêtre que personne n’écoutait. Le prêtre qui… Qu’est ce qu’il foutait là ? Il connaissait peut être Indie bibliquement. C’était la seule explication. Il finit par entendre des bribes de phrase, des repose en paix, des rappelé vers notre père trop jeune, des bénissez nous, et des amen. Sans se rendre compte qu’il avait actuellement ouvert la bouche pour dire ça un peu fort il avait explosé. « Vous voulez pas abréger et passer à l’essentiel ? Elle en avait rien à foutre de votre père ! » Bah voilà, winner.
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Dimitri J. R-Queen
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To say goodbye ✣ EmptyMar 9 Déc - 12:11
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

Dimitri se sentait comme un étranger ici. Les enterrements, c'était pas son truc. Il ne croyait pas à l'après-mort, ni à la réincarnation et encore moins à toute ces conneries de paradis. Pour lui, après la mort, il n'y avait rien. Et il ne trouvait aucun intérêt à se faire ronger par les verres six pieds sous terre. Ouais. C'était carrément flippant et glauque, cette manière de dire au revoir, ou adieu, dans ce cas précis. On ne pouvait pas dire qu'il avait souvent participé à des enterrements étant gosse. Il avait encore la chance d'avoir ses deux parents, ses frères et soeurs. Mais en tant que flic, il avait mis en terre des amis, des collègues, des personnes qui auraient mérité bien meilleur fin que la leur. Et à chaque fois, cette colère sourde. Parce qu'il aurait préféré voir un petit vieux, là, dans cette boite et pas une jeune femme qui avait encore toute la vie devant elle. Comme tous ces collègues, pères de famille, qui laissaient derrière eux des orphelins. En fait, c'était même pas de la peine ou de la tristesse qu'il ressentait, mais bien de la hargne. Quand il songeait à Indianna, il revoyait nettement son attitude de femme forte, son geste assuré quand elle portait un joint à ses lèvres, son sourire... Pourtant, il ne la connaissait pas, pas vraiment, bien moins que toutes les autres personnes présentes. Il l'avait connu trop tard. Mais elle n'avait pas l'air malade, ni même mal, elle semblait même aller bien. Il n'avait rien remarqué, lui ou même les autres, lui semblait-il. Parce qu'Indianna, à chaque fois qu'elle franchissait la porte du Pub, affichait un air désabusé et s'asseyait avec ses amis, bavardant comme tous groupes d'amis.

Dimitri frotta son visage mal rasé. Il aurait pu faire un effort, certes. Si sa mère le voyait ainsi, pas de doute qu'elle aurait eu honte de lui. Mais sa mère était à New-York en ce moment, sûrement très occupé avec son boulot. Il avait quand même mit une chemise propre et un jean sombre, histoire de ne pas faire trop tâche. Mais quand il regarda l'assemblée, il prit conscience qu'on se foutait pas mal de savoir comment s'habiller en ce genre de cérémonie. Dans la voiture, il avait à peine remarqué la tenue d'Ashleigh. La blonde semblait si triste, qu'il avait à peine oser lui parler de peur de troubler quelque chose, il ne savait pas vraiment. Un silence c'était installé jusqu'à leur arrivé ici. Il avait prit sa main, se voulant rassurant, bien que Dimitri n'ai jamais été d'un grand réconfort en ce genre d'occasion. Il passa un bras sur ses épaules, fixa comme un con la photo figée d'Indianna. C'est ça la dernière image qu'ils auront d'elle ? Un sourire plaqué sur une photo ? Il a presque envie de gueuler que c'est ridicule, mais il n'est pas le mieux placé pour le faire. Ici, ils ont tous un passé avec la métisse, un passif dont il ne peut rivaliser. Lentement, il lève les yeux vers les arrivants. Parker émerge de la file et Dimitri le salue de loin, ne voulant pas abandonner Ashleigh. Finalement, c'est Deklan, son frangin qui apparaît aux bras d'Isla, puis Jackson et... Albane. Apparemment, tout le monde est là. Parker se rapproche d'eux et le cercle bouge auprès de la tombe, plutôt du trou béant où le cercueil finira bientôt sa course.

Tandis que le prêtre entame son discours, Dimitri se détache lentement d'Ashleigh. Il entend quelques murmures, des reniflements aussi, mais ne fait que contourner le cercle. Il ne veut rien interrompre bien qu'il trouve ceci presque ridicule. Parce qu'Indianna, si elle pouvait les voir, trouverait ça très drôle de les voir rassembler autour d'un prêtre parlant de Dieu et des petits anges. Bref, Dimitri fait quelques pas de plus et s'arrête. Il passe une main dans le dos de la française qui sursaute à sa venue. Bien qu'elle ne soit pas appréciée de tous et que Dimitri lui en veut bien plus que tous les autres, personne ne mérite de traverser ça toute seule. Il l'attire à lui, cherche à la consoler du mieux qu'il peut. Puis une voix vint briser le silence : « Vous voulez pas abréger et passer à l'essentiel ? Elle en avait rien à foutre de votre père ! ». Dimitri lève son regard vers Jackson. Qui d'autre que lui pour sortir de genre de phrase, hein ? Avec Parker, il échange un regard, tandis que le reste de l'assemblée à les yeux rivés sur lui.

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To say goodbye ✣ EmptySam 17 Jan - 16:10
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

C'était inconfortable. La situation, l'ambiance, mes godasses. Une partie de moi rêvait de foutre le camp de là, de prendre ses jambes à son cou, de laisser cet enterrement bien loin derrière, mais j'étais clouée sur place, incapable du moindre mouvement. J'entendais les autres prendre place dans ce silence toujours aussi pesant, comme si personne n'osait dire un seul mot, pas même le murmurer.  Tellement pesant que mes oreilles bourdonnaient comme pour palier à ce trop plein de calme, comme pour s'assurer qu'elles fonctionnaient encore. Un mouvement de groupe et je suivis telle une marionnette, guidée par mon ancien partenaire. Le prêtre, enfin, vint briser cette atmosphère angoissante par le son de sa voix. Je l'écoutais d'une oreille distraite, sachant déjà quels mots ils prononcerait, pour avoir déjà dû discuter avec lui, pour lui donner ce qu'on savait de notre amie. Les cérémonies n'étaient pas mon fort, la religion encore moins. J'avais d'ailleurs été bien emmerdée, là. J'y étais allée au bluff, pour le côté catholique. Ce n'était pas comme si nous avions pour habitude de discuter de ce genre de chose dans notre petit groupe... En fait, on avait rarement de vraies discussions profondes, hé. La faim dans le monde avait tendance à couper l'appétit, le manque d'eau en Afrique vous faisait culpabiliser quand vous aviez votre bière à la main, bref, ça cassait l'ambiance. Et au travail on avait toujours surtout parlé boulot, on n'avait jamais été du genre à nous épancher sur nos petites vies, ni à jouer les confidentes, non.

Le bras de Dimitri s'évada, me ramenant sur terre. Je détachai mes yeux de mes pieds et relevai timidement la tête pour affronter le cercueil et surtout la photographie, le regard d'Indie, celui qu'on ne verrait plus autrement, celui dont on devrait désormais se contenter. Je détournai rapidement la tête, incapable d'y faire face plus longuement et observai mon ancien partenaire rejoindre Albane, celle qui lui avait fait péter un plomb, qui lui avait poussé à tirer un trait sur une carrière prometteuse. Celle qui m'avait fait perdre mon coéquipier que je retrouvai depuis peu. A croire que la testostérone empêchait de cogiter car il replongeait, apparemment. Il n'y avait qu'à observer l'ancien flic ou même le frangin qui pressait Isla contre lui. Je serrai les dents. Non, ce n'était ni le lieu ni le moment pour une énième leçon de moral, d'autant plus que je ne pouvais pas la ramener. Au départ de Jay je m'étais promis de ne plus me faire avoir, de ne plus donner dans le sentimentalisme, quitte à passer pour une garce au cœur de pierre. Les chats c'était plutôt cool, après tout... Mais non, j'ai sombré une fois encore, tête la première, me retrouvant prise au piège comme un bleu n'ayant pas vu les signes avant-coureurs. Je n'avais même pas besoin de poser les yeux sur lui pour savoir qu'il était à côté, j'en étais au point d'être consciente de sa présence sans le voir, damn ! Cela aurait pu faire marrer Indie de le savoir, comme la fois où on avait réalisé qu'on couchait avec le même gars. Apprendre que j'étais tombée amoureuse de lui aurait pu l'amuser je pense, oui. Même si cela aurait probablement rendu la chose plus gênante au final.

Tandis que j'esquissai un sourire, Jackson fit des siennes, venant briser le recueillement de tous. Je me pinçai l'arrête du nez et poussai un profond soupir avant de sortir de la rangée que nous formions pour attraper Jacks par le bras et l'éloigner de la cérémonie. Je le frappai à l'arrière du crâne, le foudroyant de mes prunelles. « Tu vas te calmer tout de suite, tu m'entends ? » Alors que j'aurais voulu ma voix sèche et un brin menaçante, elle était simplement brisée et se mourrait dans ma gorge. « La cérémonie n'est pas seulement pour Indie, elle est pour nous ! Alors... » J'inspirai longuement pour étouffer un sanglot qui remontait à la surface. J'ignorais si c'était par les attentes de mon frère entre autre que je me sentais le devoir d'être forte ou si c'était par mon refus de me montrer fragile et humaine, mais je refusais de me laisser aller à ma peine. « Alors tu râleras après, d'accord ? Je le fixai quelques secondes droit dans les yeux avant de retourner prendre place parmi les autres, aux côtés de Parker. Il y a plusieurs années il m'avait aidé sans le savoir à me remettre de la mort de mon beau-père et plus récemment à faire le deuil d'une relation. Seulement, cette fois, nous faisions tous deux face à la même perte. Sa posture, son absence de nonchalance, était un rappel à la triste réalité. Je glissai timidement ma main dans la sienne, ne sachant pas si c'était en quête d'un réconfort ou par besoin de le soutenir, lui. Nous étions en terrain inconnu. Je savais seulement que j'en avais envie et le simple contact de sa peau sur la mienne m'apaisa.

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To say goodbye ✣ EmptyVen 23 Jan - 18:07
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Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

Deklan avait une sale gueule. As usual, ça aurait du résonner dans ma tête, dans l'air aussi, parce que ce n'est pas une remarque qu'on garde pour soi, non, c'est de celles qui méritent d'être prononcées, articulées, chaque syllabes détachées les unes des autres avec un sourire mordant aux lèvres et une teinte provocante qui enflamme les regards. Mais, non, Deklan avait une sale gueule, et ça s'arrêtait là. Comme tout le monde, tous, sans exception. Mines sombres et murmures épars, la clique ne ressemblait en rien à ce qu'elle était d'ordinaire. La situation actuelle l'imposait, évidemment, mais c'était particulier à observer, curieux mais triste, sûrement, rien que triste. Il manquait l'une des figures routinières du groupe, figure encastrée entre quatre planche de bois, retenue par une poignée de clous, effacée par une pelée de conneries religieuses, et les autres... Deklan avait une sale gueule. Isla n'emmerdait pas le monde à bavarder sans queue ni tête et s'enflammer pour le premier brin d'herbe hipster à la ronde. Ash était bien dans le rang, sombre, immobile, à la fois trop grande et trop petite, effacée. Il y avait Albane, aussi, sa simple présence relevait de l'inédit et elle avait l'air minable, pas de regard condescendant, pas de menton relevé, pas d'aura qui vous crache à la gueule à quel point elle est meilleure que vous. Dimitri qui nous contournait et qui rejoignait la Française, ça aussi, c'était défier toute logique même si, au fond, ça s'y confortait dans un même temps, je l'observe un instant, à glisser ses bras autour de celle sur qui il pouvait cracher toute son amertume à l'accoutumée, et puis je détourne mon attention ailleurs, pas piqué ni rien - tout sortait de l'ordinaire. Mais c'est là que Jackson hausse le ton, bloque l'orateur en aube qui résonnait davantage comme un grésillement de fond qu'autre chose et qu'il attire l'attention de tout le monde. Ouais, non, il y avait des trucs qui ne pouvaient pas changer, et Jackson qui l'ouvrait, généralement au moment le moins opportun, c'était une bonne piqure de rappel à ce sujet-là. Mais il n'avait pas tort non plus.

Je vrille mes prunelles vers Dim en me demandant si ses pulsions de boss vont remonter à la surface par magie et que le barman passerait le reste de la cérémonie merdique à astiquer les verres des luminaires des tombes voisines pendant que les grandes personnes continueraient à se morfondre tranquillement, mais l'idée est balayée aussi vite qu'elle avait été effleurée, en partie parce que mon attention repart dans l'autre sens et qu'on est tous témoins de la tape sur le museau du récalcitrant par la galloise, toutefois pas assez musclée pour que ça en devienne marrant. Non, ce n'était pas marrant, ça rajoutait même un poids supplémentaire à l'ambiance, le malaise provoqué, le timbre pas suffisamment assuré d'Ashleigh rendait l'air un peu plus épais encore, pour moi du moins. Mais Monroe n'avait pas tort. À moins qu'elle ait trompé tout le monde, un peu plus encore, et qu'elle ait dédié ses derniers jours à une séance de confession intensive et sans relâche, Indie se fichait bien de ces histoires de religion à la con, oui, et même si c'était une manière de se recueillir, ça aussi c'était vrai, un coup d'oeil sur l'assemblée suffisait à rappeler qu'aucun d'entre nous n'y mettait de l'importance non plus. Peut-être Albane, on ne la connaissait pas tant que ça, peut-être qu'elle nous sortirait sa généalogie à 32 degrés et nous expliquerait par A + bullshit comment elle est reliée par le sang à Pie VII, mais il y avait comme un vague doute là-dessus. Je ne cherche pas à peser les pour et les contre ni même à trouver un autre candidat insoupçonné, en partie parce que l'interruption a provoqué mon ras-le-bol à mon tour et aussi, surtout, parce que je sens la main d'Ashleigh attraper la mienne et que, l'espace d'un instant, ça suffit à balayer le reste. Je reste stoïque, déjà suffisamment tendu pour ne le devenir davantage, je ne détourne pas mon regard du prêtre sur qui il s'était posé une poignée de secondes plus tôt et que j'observais, à chercher ses mots ou peut-être à se demander si sa défunte du jour avait payé suffisamment d'impôts ecclésiastiques pour qu'il puisse remplacer son téléviseur pas assez large à son goût ou si ses bonnes soeurs allaient malencontreusement devoir faire don de quelques centimètres de leurs jupons pour cette bonne cause, mais je n'y pense plus, j'oublie les autres et leurs réactions, pour un instant, je m'intéresse seulement au contact de sa peau sur la mienne.

Ca non plus, ça n'avait rien d'ordinaire, du tout même, mais c'était agréable, plus que de raison, mais je ne me pose pas de question sur la raison, parce que ce n'est ni le lieu ni le moment, déjà, et parce que j'ai déjà des bribes de réponse, aussi, même si je l'ignore, même si je le repousse - j'étais pas con, ou alors si, justement, j'étais particulièrement con. Alors, après un regard éclair sur le cercueil puis le prêtre silencieux, encore, c'est vers les autres que je laisse courir mes prunelles et, quand j'aurais du lâcher la main de la blonde et enfouir les miennes dans mes poches parce que je m'apprête à élever la voix à mon tour et parce qu'il faudrait pas induire tout le monde en erreur, quand même, je préfère laisser nos doigts s'entremêler, tout naturellement. « Y'a quelqu'un qui veut dire quelque chose sur Indianna ? » C'était aussi un bon moyen de me décharger d'entrée de jeu de la chose, avant que quelqu'un d'autre n'y songe, face au silence de l'homme d'église qui écume sûrement son cahier des charges appris par coeur pour savoir comment palier à ce genre-ci d'interruption et qui hésite entre deux des formulations types de mises en bière d'un individu parmi tant d'autres. Prendre la parole dans une situation telle que celle-ci n'était pas mon fort, le faire pour mon frangin m'avait valu une fugue immédiate et de la cérémonie et de l'Etat tout court, alors, expliquer maintenant comment le prénom de la vagabonde m'avait permis de faire une pierre deux coups, ce soir-là au Texas, il y a des années de ça, quand le seul challenge qui comptait était celui du Un état, une gonzesse, alors que je ne suis pas capable de le prononcer sans buter dessus, ce n'était pas pour moi. Je serre doucement mes doigts, ceux qui ne devraient même pas effleurer la main d'Ashleigh mais qui s'y accrochent pourtant, et je baisse distraitement la tête vers la photo de la disparue, attendant de voir si quelqu'un prendra la perche, si Isla mettra ses prédispositions au jacassement à bon usage, si Jackson râlera de nouveau, si Albane lâchera son accent casse-couilles, si Dim saura monter un discours sans spiritueux en carburant, même Deklan qui se la jouerait Brad Arnold sur un air lancinant, ça irait. Tant qu'on enchaînait et qu'on liquidait la chose au mieux sans, pour autant, se voir proposer l'ostie en biscuit apéritif par le mec en robe noire et collerette blanche qui attend avec un sourire trop bienveillant pour ne pas en devenir agaçant, tout irait.

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To say goodbye ✣ EmptyDim 1 Fév - 12:50
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C’est horrible ce sentiment. Celui de ne pas être à sa place. Pourtant, pourquoi le serait-elle moins qu’un autre ? Parce qu’elle a blessé l’un des leurs ? C’est horrible, cette impression qu’ils donnent. Ce sentiment qu’ils ont d’être une famille, et que les autres viendront se venger pour les pertes souffertes par l’un. C’est un sentiment qu’elle n’a jamais partagé. Dans sa famille, ils n’étaient pas comme ça. On ne se secours pas, parce qu’on ne tombe pas. Un Bonaparte est fort, fier, et ne pose jamais son genou à terre. C’est comme ça. Ils ne sont pas contre le secours, contre l’entraide. Ils sont justes contre l’idée d’avoir besoin d’aide. Et ses amis… Albane ne s’est pas fait des amis comme ça. Peut être que c’est à cause de son éducation. Peut être que c’est à cause d’elle même. Peut être qu’on s’en fou finalement. Mais ce sentiment de famille, cette impression pourtant invisible et sans fondement particulier que si elle fait un pas de travers, si elle dit un mot pas comme il faut, elle verra les crocs des autres sortir… Ce sentiment elle ne l’a jamais ressentit.

La seule personne qui aurait pu le faire ressentir c’était Indie. Parce qu’Indie lui avait sauver la vie et qu’elle n’avait pas grincé des dents à propos de ça. Parce qu’elle aurait fait tout ce qu’il fallait pour l’aider, en cas de besoin. Elle aurait tout fait. Mais Indie ne lui avait pas demandé son aide. Elle ne lui avait jamais rendu l’appareil. Elle avait toujours une dette envers elle, et aucun moyen de la repayer. Et elle ne se sentait pas à sa place. Elle fixait le cercueil, et elle avait envie de filer. Elle savait qu’Indie avait été proche d’eux. Parce qu’elle vivait avec Deklan. Et parce qu’ils étaient un groupe. C’était comme ça avec eux, ils étaient un bloc de pierre presque impossible à percer qui viendrait vous rouler dessus si vous essayer de détacher une pièce du puzzle. Même lorsqu’elle sortait avec Dimitri, et que tout allait bien, ils ne l’avaient pas apprécié. Ils n’avaient pas franchement voulu le faire, et Albane n’avait pas le gout pour faire des efforts en vain. Leurs dents avaient crissés parce qu’elle était française, et que ça s’entendait à des kilomètres. Ils avaient grimacé parce qu’elle s’appelait Bonaparte, et qu’elle avait prétendument le sang bleu. Ils avaient fait la gueule parce qu’elle avait un doctorat, parce qu’elle était conférencière, parce qu’elle était une spécialiste d’art. Ils n’avaient pas voulu la connaître parce qu’ils étaient un bloc de pierre borné, et qu’elle était trop différente d’eux. Maintenant ils avaient mille et une raison de la détester. Et encore, ce n’était pas à eux de la juger. C’était à Dimitri. Les autres n’avaient pas le droit. Mais ils le faisaient tout de même. Gros caillou qu’ils étaient.

Quoiqu’il en soit, elle se sentait mal. A cause de la mort d’Indie, bien sûr, c’était une idée qui s’insinuait lentement à travers toutes les terminaisons nerveuses de son cerveau. Mais à cause de l’ambiance, de ce sentiment indélébile de malaise. Et Dimitri n’arrangea pas l’affaire. Si elle ne l’avait pas vu venir - parce qu’elle avait décidé de ne pas faire attention à ce qui se passait autours d’elle - elle sent sa main se glisser dans son dos. Elle sursaute, son coeur se presse, son estomac se noue. Son corps entier n’est soudainement que tension. Il la tire contre lui, et son corps ne se détend pas. Elle ne se détend pas. Et si elle est bien trop mesurée pour réagir, et faire un semblant de scandale, elle déteste. Elle déteste son cerveau qui lui a soufflé que c’était une bonne idée. Elle le déteste d’avoir une vision si étriqué des choses qu’il puisse penser que ça pourrait l’aider à aller mieux. Il la fait redescendre sur terre, brutalement, et elle a eu le temps de sentir les regards se poser sur elle alors que Dimitri commettait l’impair ridicule et sans aucun sens. Elle s’est pincé les lèvres, elle a baissé les yeux au sol. Comme si sa posture n’était pas assez clair. Comme si son corps entier ne criait pas qu’elle ne demandait qu’une seule chose; de la transparence. Mais Dimitri n’avait jamais été très doué pour la comprendre. Et encore une fois, il avait réagit selon son code de valeur, oubliant qu’elle n’avait probablement pas le même. La voix du dénommé Jackson claqua dans l’air et attira l’attention de tout le monde. Son corps se permis de se détendre légèrement grace à cette intervention. Ses épaules se secouèrent d’un léger rire. Il était invraisemblable d’être aussi stupide et incapable de se contrôler. Mais c’était exactement ce dont elle avait besoin. Une grande gueule pas réfléchit qui viendrait souffler la dure vérité. Parce que oui Indie s’en foutait probablement. En même temps si on avait du poser la question à Albane sur comment son amie souhaitait se faire enterrer… Elle serait probablement restée sans voix. Indie était trop jeune pour se faire enterrer. Alors elle ne se serait pas permis de critiquer. Parce que dans ce genre d’occasion on faisait tous de notre mieux. Ashleigh avait fait de son mieux. Ce n’était pas si mal. De toute façon ce genre d’évènement était toujours catastrophique. On était là, et on avait tous probablement envie d’être ailleurs. On ne voulait pas reconnaître l’évidence qui pourtant se trouvait dans une boite en bois juste devant nous.

Et la voix de Parker avait été la suivante à claquer l’air. La gorge d’Albane s’était resserré immédiatement. Et elle qui avait l’habitude d’être si droite et de paraître si grande c’était subitement rapetissée. Elle comptait le nombre de brin d’herbe que ses pieds écrasaient, elle serrait sa peine entre ses dents, elle essayait d’étouffer dans sa tête cette sensation de sentir son coeur gonfler dans sa poitrine. Dans beaucoup de situation, Albane était celle qui parlait. Elle savait généralement trouver les mots, elle connaissait tout de l’art de faire un discours. Mais là c’était différent. Là elle sentait que personne n’avait envie de l’entendre. Pour se donner une contenance, elle se raccrocha à la seule chose de tangible à côté d’elle. Et quand bien même tout son corps était parfaitement tendu dans l’étreinte de Dimitri, elle vint chercher sa main et elle la serra fort dans la sienne, entremêlant ses doigts aux siens. Le geste était dénué de toute tendresse, ou de tout attachement sentimental - ou du moins c’était ainsi qu’il se voulait. Il n’était qu’une bouée de sauvetage à laquelle elle venait de s’accrocher brutalement.

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To say goodbye ✣ EmptyMer 11 Fév - 20:51
To say goodbye
Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

« Encore, ça va. C'est pas toi qui oubliais de mettre un nouveau rouleau de PQ en place... » Je me frotte l'arrière du crâne au souvenir des coups que j'avais pu recevoir. Je n'ai jamais prétendu être le coloc idéal, je ne savais que trop bien mes défauts, Ash s'étant toujours fait un plaisir de me les lister, y compris par ordre alphabétique une fois, pour que ce soit ''plus percutant''. Et je crois bien l'avoir signalé à Indie quand elle avait frappé à ma porte, mais elle s'en était moqué, n'en avait jamais rien eu à faire. Pas prise de tête pour deux sous, c'est sûrement pour ça que ça avait collé. Elle n'avait jamais bronché quand les gars se pointaient à l'improviste, n'avait jamais râlé quand je ramenais des filles – sauf quand elles touchaient au jus d'orange apparemment... Bref, c'était la colocation idéale, on avait notre équilibre même s'il était précaire aux yeux des autres. Ouais, voilà, je viens de perdre une partie de mon équilibre, ce qui explique les nausées qui me prennent aux tripes depuis. Je me contente d'acquiescer de la tête quant à sa remarque. Oui, encore que ''une fille bien'' ça restait vague, ou trop restrictif, je ne sais pas trop. Et c'est là que je percute sa première remarque qui était jusqu'alors tombée dans l'oubli. Je me redresse et fronce les sourcils, me demandant si j'ai bien entendu ou juste rêvé, trop perdu dans mes pensées, dans mes souvenirs. « ... Wait. Quelles preuves vidéos ?! » Je n'ai jamais eu de quoi filmer, je n'ai jamais eu la présence d'esprit d'y penser, alors d'où elle me sort ça ? J'observe son profil et souris car, putain, je suis vraiment tombé sur la bonne. Une nana capable de relancer ma connerie par un moment pareil. « Je savais que c'était louche cette soirée, je savais que vous me cachiez quelque chose ! Je me sens violé dans mon intimité, les femmes sont des monstres ! » Je souris encore plus et me sens bêtement coupable. On plaisante pendant que les autres restent muets comme des carpes.

Heureusement – ou pas – Jackson intervient et nous fait passer pour des anges. Le peu que les autres ont entendu doit déjà être oublié grâce à son intervention, même l'autre dans sa robe noire perd la voix l'espace de quelques secondes avant de repartir dans son discours de mise. Je regarde Ash sermonner Jackson mais je vois que le cœur n'y est pas et me demande s'il ne faudrait pas plutôt la secouer elle pour qu'elle lâche ce masque qu'elle persiste à porter. Les dernières funérailles qu'on a partagé sont encore trop fraîches dans ma tête, je me rappelle parfaitement de ses larmes quand elle pensait que personne ne la voyait, de ses sourires froids et forcés, de sa déprime qui a suivit... J'allais peut-être devoir garder un œil sur elle dans les jours à suivre, en grand-frère. Comme elle ne l'accepterait pas, je prétexterai avoir besoin d'elle, ouais, ça marcherait à coup sûr, jouer sur son ego. La remontrance se termine, ils reprennent place et l'autre termine son speech. Enfin je crois, je n'ai pas vraiment suivi. Parker pose la question tant redoutée, à savoir si l'un de nous se sent d'y mettre du sien dans un autre discours. Certains fixent le sol, comme pour se faire oublier, d'autres attendent simplement qu'une personne se dévoue alors je me détache d'Isla. Je lui serre brièvement la main avant de venir me placer à côté du prêtre. Pourquoi pas, après tout, c'est comme arracher le pansement un bon coup pour guérir plus vite à ce qu'il paraît. Au pire, j'irai me creuser un trou, à côté de sa tombe, pour m'y terrer après m'être ridiculisé. Ou j'irai me saouler jusqu'à plus soif, meilleur programme, je ne suis pas fan des trous.

« J'sais pas trop pour vous, mais ma rencontre avec Indie n'est pas de celles dont je me vante. En quelques heures elle a réussi à me sortir que mon groupe était à chier puis à me foutre à poil. » J'adresse ce qui se veut être un regard d'excuse au prêtre, mais en même temps il a choisi le célibat, on n'est pas obligé de le subir avec lui. Et puis, il n'a qu'à se boucher les oreilles si ça l'emmerde, je ne vais pas censurer mes mots. « J'pense pas me tromper en disant que, pour la plupart d'entre nous, elle est entrée dans nos vies en bousculant les codes, non ? Elle ne rentrait dans aucune case, ne pouvait être comparée à personne... Elle était juste unique. » Je m'embourbe, je le sens, je le vois venir gros comme un camion. Ce que je raconte est aussi inutile que ce que l'autre a sorti avant. Prendre la parole n'est pas mon fort, encore moins mettre des mots sur mes sentiments en y allant à l'impro. Et Leo n'est pas là pour booster ma créativité. « Elle a même trouvé le moyen de nous coller tous ensemble dans un putain de cimetière. » Pas de regard cette fois, mes prunelles sont scotchées au cercueil, comme si je m'adressais directement à elle, planquée dans cette boîte. « J'vois pas quoi rajouter de plus, si ce n'est qu'elle va me manquer. Que ça ne va plus être la même chose, que ça fout un coup, que ça fait même flipper. Je ne m'attendais pas à ce qu'on perdre l'un de nous aussi tôt... En tout cas je n'aurais pas misé sur elle. » Ce n'était pas celle qui faisait les plus grosses conneries parmi nous, franchement ! Putain de maladie, putain d'injustice. Je renifle en sentant  dans mes sinus le picotement annonciateur de larmes, me passe une main sur la tronche. « Avec un peu de bol elle aura réussi à nous faire rentrer deux ou trois trucs dans la caboche, à sa manière, et elle ne nous aura pas supportés pour rien. » Je hausse les épaules, hésite à ajouter quelque chose... Et puis merde, quitte à y aller dans la connerie, hein. « S'il y a quelque chose de l'autre côté, après ça, je pense qu'elle doit bien retourner l'autre monde comme elle a retourné le notre, et ce sont des veinards. » Puis je retourne simplement à ma place, à côté d'Isla. Le prêtre relève brièvement les yeux de sa foutue bible. « Quelqu'un d'autre veut s'exprimer ? »

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Isla L. Hamilton
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To say goodbye ✣ EmptySam 14 Fév - 22:02
To say goodbye
Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

Je laissais mon regard répondre lorsqu’il s’éprit de ma blague, s’immobilisant un moment, arrêtant complètement d’y penser pour finir par comprendre que ouais, je rigolais, il n’y avait pas eu de caméras dans le processus et donc, aucun souvenir gravé de cette fameuse soirée. Mais bon, ma mission avait au moins pu lui redonner un semblant de sourire. Je pressai un peu plus mes doigts entre les siens, notant qu’on était les deux seuls à parler, à oser même échanger un rire tout doux, tout sec, rien de bien dérangeant, juste assez pour laisser un baume, délicat, sur les marques qu’Indie avait laissées. J’aurais pu rester là, à détailler mes souliers alors qu’on avait repris nos places, bien droits, à faire ce pourquoi on était ici à savoir payer nos respects, si Jackson n’avait pas mis son pied dans l’embrasure et lâché un commentaire typiquement son genre. Jackson. Ça faisait maintenant des semaines que je n’avais pas croisé sa silhouette boiteuse au Brennan’s ou ailleurs. Lui qui était toujours là à gueuler bien fort, à rire, et à me lâcher des regards en coin, parfois noirs, parfois un brin dérangés, s’était effacé pour une raison qui m’échappait. J’avais le doute qu’il avait encore fait un faux pas, que ce qui s’était passé y’a longtemps déjà avec Callie ne s’était vraisemblablement pas arrangé du tout et qu’il luttait encore pour remonter bien en haut du baril. Mais ça, c’étaient ses affaires. J’avais voulu aider, j’avais voulu lui tendre la main, j’avais même poussé la chose à passer le voir, quelques jours après avoir reçu de nouveau ses confidences les plus noires dans une ruelle de L.A., mais rien, niet, nada. Je ne forcerais pas, non. Surtout pas ici. Surtout pas après qu’il est encore une fois fait un Jackson de lui, pas suite à son intervention plutôt rude, acerbe, typique. Je sentis Deklan se rabrouer lui-même, filer un coup d’œil dans la même direction que moi, par-dessus l’épaule, au Monroe qui réalisait qu’il aurait peut-être dû y aller plus en douceur aux vues d’Ashleigh qui le rattrapa comme seule elle savait le faire. Ashleigh. Merde.

Ses traits tirés, ses épaules fermement remontées, ses yeux ternes. J’aurais voulu, tellement, être près d’elle. Ne pas lui faire l’affront de tomber dans la princesse paillette en lui caressant le dos en lui disant que tout irait, non, jamais je n’oserais. Mais juste être là, silencieuse, forte, un peu au moins, pour elle. Comme je tentais de l’être pour Deklan. C’était elle qui m’avait accompagné au cimetière y'a quelques années, pour le 5e anniversaire – quel horrible mot… - du décès de mon père. Quand Leo avait failli à la tâche pour s'être occupé à embrasser la nouvelle cheerleader de l’équipe dans les buissons, quand mes tantes avaient quitté la ville, quand c’était encore trop nouveau avec Deklan pour que j’ose lui demander de seulement, seulement me déposer pour que j’aille faire ce que j’avais à faire. Elle détestait les cimetières, comme tous ceux que je connaissais, mais elle était venue. En retrait, muette. Et elle avait attendu. Que je lui fasse mes adieux, que je le salue encore une fois, que j’observe sa tombe dans les moindres détails. Elle s’était même approchée à un moment, douce, tellement, rien que pour me dire que si je voulais en parler, elle était là. J’aurais voulu faire identique aujourd’hui. Me tenir, stoïque, à ses côtés et à ceux de son frère. Sans avoir à choisir. Mais c’était égoïste. Tellement stupide comme réflexion, tellement égocentrique. Je ravalai, comme toujours, et soupirai alors que Deklan faisait pareil. J’y penserais une autre fois, un autre jour. Pas celui d’Indie. Parce que ça l’aurait fait chier, surement. Cette histoire de dispute et tout. Elle m’aurait probablement regardé en soupirant, avant de me tendre le téléphone en me disant de régler mes merdes plutôt que de me plaindre. Et elle aurait eu tellement raison.

C’est le Monaghan qui me ramena sur terre, comme il savait si bien le faire, en répondant à la question de Parker et en s’avançant devant tous. La majorité du temps, lorsqu’il prenait la parole, c’était soit pour lancer une chanson ou pour démarrer un concours de rots avec les potes. Ou alors pour partager une blague hilarante – à son sens… - qu’il avait entendue ailleurs. Mais pas pour ça. Pas pour parler émotions, souvenirs, adieux. C’était un autre côté de lui complètement que je voyais là, et malgré le fait qu’il cherchait ses mots, qu’il manquait parfois un souffle, que son regard se voulait fuyant, il était parfait. C’était parfait. Je fis l’effort de lui sourire lorsqu’il me détailla, entre deux phrases, rien que pour lui montrer que oui, il s’en sortait bien. C’était triste, et beau, et triste, mais surtout beau. Et ça venait du cœur. Malgré tout ce qu’il aurait pu penser, ou n’importe qui d’autre, Indianna écoutait probablement ce qu’il avait à dire sur son cas. Ce genre d’hommage, c’était pas tiré par les cheveux. C’était tout sauf larmoyant, lourd, superficiel. C’était vrai, et ça lui allait bien. Ça leur allait bien. Il revint se poster près de moi, comme si de rien était, et je me fichai du reste en déposant un léger, presque inaperçu baiser sur sa joue. Pas que j’en doutais, loin de là, mais j’étais fière. De lui, de son cœur en or, de sa tête qui ne s’attardait à rien d’autre qu’à l’essentiel. Le prêtre proposa la place à quelqu’un d’autre et je me fis violence pour ne pas poser le pied dans sa direction. Non. Indie détestait m’entendre parler. Elle me trouvait peut-être marrante, souvent dérangeante, mais elle n’avait pas besoin de ma voix de crécelle dans l’au-delà pour l’aider à partir en paix. Je levai même les yeux vers le ciel, stupidement j’en conviens, pour lui faire un clin d’œil, pour lui promettre de me taire comme elle me l’avait si souvent demandé, ultime cadeau. J’avais un autre boulot aujourd’hui, celui de régler mes conneries. Pour rendre Indie fière, un peu plus.

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To say goodbye ✣ EmptyLun 16 Fév - 18:48
To say goodbye
Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.


Jackson avait l’impression d’être un gamin. C’était drôle, puisque passé la trentaine, on était définitivement plus dans l’enfance, on commençait même à sérieusement quitter la jeunesse. Mais Jackson n’avait pas bougé. Il disait toujours ce qu’il pensait. Et pire, il se faisait gronder comme un gosse. Ashleigh lui attrape le bras et le traine à l’extérieur. Ca va, il savait que c’était con de le dire, mais c’était vrai aussi. Tout ceci est ridicule. Et ce deuil le met mal à l’aise. Il sait pas comment réagir. Il arrive pas à pleurer. Il arrive pas à se recueillir. Il arrive même pas vraiment à penser. En même temps, il pense généralement assez peu. Mais il ne sait pas ce qu’il fou là. Il aimerait que ça finisse vite, qu’ils puissent aller trinquer à son honneur. Parce qu’elle aurait aimé ça. Il le sait. Elle aurait préféré ça à ses conneries. Mais Ashleigh n’est pas prête à l’entendre. Elle n’est pas prête à entendre quoique ce soit. Elle a l’air de vouloir s’enfouir dans le silence. Peut être préfère-t-elle entendre son coeur qui se sert. Jackson ne sait pas. Il ne comprend pas ses sentiments. Mais il n’aime pas se faire tirer comme un gamin à l’écart pour se faire engueuler. « Tu vas te calmer tout de suite, tu m'entends ? » Mais sa voix ne répond pas au besoin de ce qu’elle dit. Le ton n’y est pas. Et c’est pire pour Jackson. Au moins si elle avait été sèche, menaçante, il aurait pu l’envoyer bouler. Il n’aurait pas eu de scrupule. Là, elle donnait juste l’impression d’avoir été blessée parce qu’il avait dit. Et ça le soule. De se rendre compte qu’il ne changera pas. Qu’il lui fera toujours du mal. C’est toujours la même chose. Et ça le gonfle. « La cérémonie n'est pas seulement pour Indie, elle est pour nous ! Alors... » Ca l’étonne un peu. En même temps oui, Indie s’en fou de la cérémonie, là ou elle est. Alors Ashleigh n’a pas forcément tord. Mais il ne pensait pas qu’ils en auraient tous tant besoin. Indie était cool. Elle était drôle. Et elle était franchement bonne. Mais… Ouai. Tout le monde part un jour. Il avait l’impression d’être un connard insensible. Mais il ne se voyait pas pleurer toute la journée. Indie ça l’aurait fait rire de les voir tous à chialer pour elle. Elle n’aurait pas voulu ça. Indie, elle n’aimait pas trop les larmes. La preuve, personne ne savait qu’elle allait crever. Elle avait pas voulu le dire. Si c’était pas parce qu’elle ne voulait pas nous imposer ça. « Alors tu râleras après, d'accord ? » Il fait une moue boudeuse. Il n’a même pas le courage de répondre. De toute façon il ne serait pas capable de dire quoique ce soit qui puisse l’aider à aller mieux. Il avance la main pour prendre la sienne, en signe de sympathie, mais elle fuit elle retourne parmi les autres. Et Jackson, il boude.

C’est un gamin, et un gamin boude, c’est bien connu. Mais Jackson ça l’énerve tout ça. Il n’est pas capable d’être triste devant la mort. La mort ça l’énerve. De toute façon tout l’énerve Jackson. Mais là, le temps passe trop lentement. Il entend Deklan parler d’Indie. Il trouve ça bien, et en même temps il s’en fou. C’est ridicule de réduire une personne à quelques phrases quand même. Il rigole silencieusement en se disant que pour lui, il n’y aura probablement que quelques mots à dire. Là tout de suite, alors qu’il doit penser à Indie, il se demande pourquoi ses amis sont encore amis avec lui. Parce qu’il sert à rien quand même. Même se la fermer au bon moment il n’en est pas capable. Alors il s’énerve. C’est sa manière de réagir à l’injustice surement. Le monde serait mieux si c’était lui qu’avait clamser et pas Indie. Ils n’auraient pas été aussi triste, surement. Ca n’aurait surpris personne au fond. Probablement. Il se dit que ça surprend toujours plus lorsqu’on le voit débarquer le matin et qu’on se rend compte qu’il est toujours vivant. Il pense ça à chaque mort, ça aurait du être lui. Mais voilà, c’est jamais lui. Et ça l’énerve un peu. Comme un gosse il butte ses pieds contre le sol. Il garde les mains dans les poches. Il voit un bout de bois, et un caillou. C’est cool, les choses qu’il y a dans l’herbe. Il n’aurait pas été étonné de trouver une bouteille vide. Mais faut croire qu’ils font le ménage, ici. Il imagine connement un squelette avec un balais, et ça lui arrache un sourire. Il n’arrive pas franchement à se concentrer. Y a pas de quoi être triste. Indie, elle est mieux là ou elle est. Mais peut être qu’eux aussi c’est pour eux qu’il pleure, et pas pour elle. Comme lui il est énervé par tout ça. Eux il pleure. Lui il envoie de toute ses forces son caillou et son bout de bois. Il met trop de force pour la légèreté des objets. Mais c’est juste pour la forme. Parce qu’à mettre tant de violence il a l’impression d’aller mieux. C’est juste histoire de dire. Histoire de faire passer le temps. Parce qu’il n’a pas envie d’y retourner. Il est bien, à suivre de loin. On demande si quelqu’un d’autre veut intervenir. Il se dit que c’est le moment de se taire. Que pour une fois il va être intelligent. Que ça ne peut pas lui faire de mal. De toute façon il ne saurait pas quoi dire. Indie c’est la prison. C’est la seule pote qu’il ne s’est pas tapé aussi. Mais franchement on ne fait pas un éloge funèbre la dessus. Alors il se tait, il compte l’herbe à ses pieds, il boude, il fait ce qu’il fait de mieux.

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Dimitri J. R-Queen
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Emploi : Ancien lieutenant de la brigade criminelle de LA. Aujourd'hui dirigeant du "Brennan Pub" ainsi que detective à mi-temps.

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To say goodbye ✣ EmptyMar 24 Mar - 20:11
To say goodbye
Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

Pourquoi n'avait-elle rien dit ? Pourquoi garder pour soit un si lourd secret ? On se posait forcément la question quand on vous annonçai, de but en blanc, que votre amie était morte à la suite d'une grave maladie. Une foutue tumeur, à même pas 30 ans. C'était à gerber, écœurant. C'était juste si horrible qu'on préférait faire le sourd, qu'on choisissait de ne pas y croire, d'être dans le déni. Dimitri connaissait les 5 étapes du deuil, mais il ne les appliquait pas, parce que jusque là, il s'en foutait. C'était une chose d'apprendre la mort d'une personne, une autre de la découvrir sur un visage figé placée sur une boite en bois. Puis on essayait de se fixer sur l'avant, quand elle était là, quand elle faisait partie du groupe, cynique, forte, indépendante. On s'accrochait à un autre visage, à un temps où le secret de sa maladie était enviable à celui où on savait, où on pleurait sa disparition. C'était sans doute ça le fond du problème, ne pas savoir, être dans le déni jusqu'au bout, ne comprendre que lorsqu'il est trop tard. Avait-elle délibérément fait ce choix-là ? Celui de cacher la vérité à son entourage pour qu'ils soient encore plus dans l'incompréhension, la colère, le doute que maintenant ? Elle avait plutôt bien réussi, somme toute. Indianna avait perfectionné l'art de la surprise, jusqu'à dans l'annonce de sa mort, aussi soudaine que sensationnelle. Elle avait joué dans la discrétion, dans la tromperie de son monde, ce qu'elle savait faire à la perfection. Et l'ancien commissaire n'avait rien vu, dupé lui aussi par ses sourires en coin, ces « je reviens plus tard », tous ces moments du quotidien où elle luttait déjà contre une foutue tumeur. Elle avait bernée son monde avec brio, réussi à passer entre les mails, à laisser planer jusqu'au bout le mystère de ses nombreuses absences, de ces silences à répétition et finalement de sa fuite irréversible.

Jackson. Dimitri ne l'aimait pas beaucoup, il fallait en convenir et l'image qu'il venait de donner à l'instant n'arrangerait certainement pas leurs relations. Cet abrutis se faisait remarquer au détriment d'Indianna. Ok, elle en avait probablement rien à faire de tout ça et sans doute aurait trouvé ça très drôle que le Monroe soit le seul à ouvrir sa bouche dans un moment pareil. Mais pour Dimitri, il venait juste de briser le silence de recueillement. Alors qu'il venait de lâcher l'échange fugace d'avec Albane pour aller choper le cou de ce crétin, il vit Ashleigh se détacher de la masse pour le faire elle-même. Elle était sans doute mieux placer pour le recadrer. Dimitri ne comprendrait probablement jamais comment ces deux-là pouvaient être amis, ou plutôt comment Ashleigh pouvait le supporter. Quoi qu'il en soit, il valait mieux que ce soit elle qui s'en charge plutôt que Dimitri ne se serve de Jackson comme échappatoire à cet enterrement qu'il prenait en horreur autant qu'en pitié. Il jeta un regard oblique vers Albane, comme s'il guettait une réaction de sa part, après tout, elle était sa meilleure amie... Mais la française resta de marbre, effaçant le contact qu'ils avaient eu quelques secondes plus tôt. Et c'est Parker qui rompit le silence, demandant si quelqu'un voulait parler. Non, Dimitri ne peut pas, il le sait. Il n'as ni l'aisance, ni la capacité de le faire. Il remarque alors le Bernstein serrer la main d'Ashleigh et ça le fait sourire. C'est sans doute ça le mieux dans ce genre d'événement, les rapprochements coquasses qui s'y produisent. Il jette de nouveau un regard vers Albane qui, sentant sûrement la même chose, lui prend la main. C'est surnaturel, étrange, mais c'est apaisant de voir qu'il est encore possible d'être humain, même après la haine. Puis Deklan prend la parole. Dimitri croise les bras sur sa poitrine, pudique. Plus il écoute le Monaghan, plus il se sent con, là tout de suite. Il est incapable de faire la même chose, de parler ouvertement de ce qu'il ressent même si sa stature en dit long sur ses émotions. Il sent Deklan fragile et, étrangement, ça le touche, lui le sans cœur, le gars qui pense que la mort peut être une certaine délivrance. Bien qu'il soit incapable de pleurer, que ce soit devant un petit groupe ou même seul, il sent bien à quel point les autres sont troublés, émus. Sauf Jackson, peut-être, qui s’exclu de lui même, qui se montre aussi con que de nature.

De nouveau, le silence. Le mouvement des bras de certains, les regards baissés des autres, tout ça agace Dimitri. Il déteste cette ambiance, il déteste les voir si triste. Il lui en veut aussi, un peu, à elle. Et Dimitri n'est plus assez conventionnel pour se dire que c'est mal de penser à ça. Elle le connaissait, elle savait qu'il pouvait être direct, abrupte, violent. Indianna avait vu le mauvais en lui dés leur premier échange, comme si la noirceur n'avait aucun secret pour elle. Et elle n'avait pas eu peur comme d'autres, elle l'avait juste traiter de connard arrogant, mais c'était tout. Elle l'avait ciblé plus vite que la plupart des gens et c'est sans doute ça qui avait le plus dérangé le russe. Indianna n'était comparable à aucune femme qu'il avait côtoyé, si ce n'était à sa soeur, sur certains points. Et se dire que sa jumelle était certainement la personne la plus importante de sa vie, lui rappelait brutalement qu'Indie l'était peut-être pour quelqu'un. Une part d'elle, sans doute, avait marqué cette assemblée, par ses mots direct, par ses vieux démons, par sa démarche claudicante, par ses absences états-d 'âme... « Bien, je pense que nous pouvons poursuivre... » Par poursuivre, le prêtre entendait faire descendre le cercueil en terre. Ce moment-là, Dimitri l'appréhendait moins, parce que c'était comme ça, on parlait, on pleurait et on regardait bêtement la boite s'enfoncer en terre.

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To say goodbye ✣ EmptyMer 8 Avr - 14:24
To say goodbye
Dimitri, Ashleigh, Parker, Albane, Deklan, Isla, Jackson.

Je retiens un claquement de langue réprobateur quand Deklan se la joue émotif. Et dire que ce crétin n'a rien dit à l'enterrement de Sean, qu'il a préféré se terrer dans un silence pesant, me laissant me démerder face aux amis et à la famille de notre père de cœur. Et là ? Il se montre même plus bavard qu'à l'accoutumée. Connard. Je savais qu'il en était capable ! Le pire, c'est qu'il s'en sort terriblement bien ! Je suis obligée de me raccrocher à ce contact étrangement rassurant, de me focaliser dessus, de fermer les yeux pour ne pas être submergée par l'émotion, par les souvenirs qui fusent, pas le visage souriant d'Indie. C'est encore bien trop douloureux et je ne suis pas prête à lâcher prise. Je suis trop à découvert, trop entourée. Il faut que j'arrive à garder ça en moi, encore quelques heures, rien que quelques heures et je pourrais me laisser aller à la faiblesse, aux sentiments. J'inspire longuement tandis que Deklan termine son discours improvisé, que le cercueil descend, je m'accroche à cette main salvatrice que je me dois pourtant de quitter lorsque vient le moment de faire la queue, pour un dernier hommage, pour jeter une poignée de terre sur le coffre en bois. Indie reposera désormais là, une dernière demeure avec pour voisinage d'autres macchabées et des asticots. Lovely, right ? Je me surprends à me dire que quand viendra mon tour, je préférerais être cramée, ça éviterait l'étape décomposition. Ouais, faudrait que je le note quelque part...

Après ça, on se retrouve tous un peu penauds, vidés. Des conversations débutent, discrètement, des politesses sortent, maladroitement. Ça me colle un frisson car ce n'est toujours pas nous. « Je pense qu'on aurait tous bien besoin d'un remontant. » Demande étouffée, pas franchement lâchée alors que je croise le regard de Dimitri. Mais il me connaît, depuis le temps, et sait me décoder. On se retrouve donc tous au Brennan et on partage des souvenirs plus joyeux de notre amie, qui nous redonnent le sourire même s'il reste timide au départ. L'alcool aide à nous détendre même si on n'a clairement pas le cœur à boire. Je parviens même à dépasser mon animosité envers Albane et ne lui lance aucune pique, comme quoi je suis encore bien anesthésiée. Les conversations s'allègent, les cœurs aussi. Et tandis que je vais me rafraîchir, je croise Isla dans ce même couloir où, quelques semaines plus tôt, j'ai pris la décision de m'éloigner d'elle, de mon amie. Là, je baisse ma garde, abandonne mon bouclier et éclate en sanglots dans ses bras, car malgré nos récents différents elle reste celle qui m'a ouverte aux autres, m'a montré ce qu'était l'amitié. Alors oui, je libère mon chagrin tandis qu'elle me presse contre son cœur, sans dire un seul mot, puis nous nous séparons pour rejoindre les autres. Notre réunion se prolonge encore une bonne heure, on aborde notre présent, nos projets à court terme, on trinque encore une ou deux fois, émus, à la santé d'Indianna puis on finit par rentrer retrouver le cours de nos vies. Et plus tard, dans la nuit, je vais le retrouver lui.

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