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they said the first 40 years of parenthood are always the hardest.
Invité

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they said the first 40 years of parenthood are always the hardest. EmptyLun 23 Fév - 22:58



déborah & jack ✖ they said the first 40 years
of parenthood are always the hardest.


« Elle est où la neige ? » Ça avait suivi la question sur les palmiers qui ne perdaient pas leurs feuilles, pourquoi est-ce que personne ne portait de bonnet et comment le grand lac pouvait ne pas geler. C'était cette dernière qui nous avait mis le coup fatal, à ma patience et  moi, et qui m'avait fait lâcher mon stylo, basculer en arrière et passer un bras sur le dos de la chaise tandis que mon autre main était venue frotter mes yeux. C'était un océan, un foutu océan - comment est-ce qu'elle pouvait l'imaginer passer à l'état solide ? Et quand bien même ça avait été un lac, nous étions dans le sud de la Californie. Il faisait chaud. Les gens ne portaient pas de bonnets. Les palmiers prenaient une teinte un peu brune, tout au plus, mais jamais ne déplumaient. « Jack ? Elle est où, dis ? » Mais c'était une gamine du Midwest, une gamine qui n'avait encore jamais quitté ces hivers et plaines enneigés que, moi aussi, j'avais connu, et dont je me souvenais encore, même si j'y avais tracé une croix depuis bien longtemps. Elle, elle ne peut pas le comprendre. Ma main abandonne le dossier, rejoint sa compère et, pour un instant, j'essaie de disparaître derrière mes doigts. Peekaboo ? C'était bien la seule chose que je maîtrisais plus ou moins avec un gosse - en théorie. Tu me vois, tu me voies pas, ça faisait marrer la galerie, ça distrayait les gamins des autres et ça leur faisait oublier aux rejetons leurs sanglots et rages juvéniles, alors pourquoi ça ne marcherait pas avec la mienne ? « Mais Jack! » Ouais, non. La mienne, elle monte d'un octave et se détourne de la fenêtre sur le bord de laquelle elle est grimpée plus tôt et me fusille désormais d'un regard empli de toute la frustration qu'elle accumule depuis qu'on n'est plus que tous les deux, je le sais, je le décrypte sans l'ombre d'une hésitation, une fois n'est pas coutume - on est dans un même bateau, elle et moi, sur ce coup là. On partageait cette frustration, celle de ne pas s'acclimater l'un à l'autre, celles d'avoir été paumé par la vie avec chacun nos raisons, celle de ne pas savoir quoi dire ni faire pour arranger ça, et celle de ne pas pouvoir terminer ce foutu préface à la con du bouquin d'un petit snobinard pas capable de le faire de soi-même. D'accord, peut-être que ce dernier point ne semblait s'appliquer qu'à moi - mais Jane, Jane et ses questions incessantes, Jane et ses silences jamais très longs, Jane et son regard insistant, Jane et son corps haut comme trois pommes qui traverse la chambre de notre motel pour ôter d'elle-même les mains qui se sont collées sur mon visage, elle y était aussi pour quelque chose. « Tu veux en voir, de la neige ? Va t'habiller. »

Mais l'illusion n'avait pas fonctionné. À peine cinq minutes s'étaient écoulées depuis que nous étions entrés dans ce coffeeshop, le Bru, bravant les regards surpris, parfois sévères, des clients qui devaient juger l'heure trop tardive pour qu'une fillette ne passe la porte alors qu'ils avaient probablement laissés leurs propres mouflets aux mains de la première babysitter recrutée entre le vendeur de spiritueux et un salon de tatouage aux mille autres fonctions dans une ruelle du coin - cinq minutes, pas une de plus, j'en aurais mis ma main au feu, et déjà la petite fille se désintéressait des décorations de Noël et fausse neige sur les vitres qu'on n'avait pas encore rangées dans un carton. Ca m'avait semblé jouer en ma faveur, je m'étais dit, candidement, que, ça et une étoile en pain d'épice doublée d'un milkshake à la cannelle, ça m'accorderait un peu de répit, de calme, qu'elle aurait été émerveillée et qu'elle aurait été silencieuse, mais non. Trop vieille pour le tour de passe-passe du peekaboo (ok, ça n'avait été qu'une expression de dépit), trop vieille pour se laisser duper par une neige chimique sprayée sur une fenêtre et trois guirlandes qui s'émiettaient presque autant, mais en revanche, pour savoir utiliser une paille comme le commun des mortels, là, il n'y avait plus personne. « T'es pas obligée de faire autant de bruit. » Nouveau vrombissement, nouvelles bulles, j'abandonne une fois de plus mon stylo et je relève la tête vers ma fille qui s'amuse à souffler dans sa paille et son milkshake plutôt que de le déguster sagement. « J'ai toujours fait ça! Puis la paille est trop petite, j'arrive même pas à boire.  » Elle tente un haussement d'épaules innocent, ses prunelles se mettent à briller et elle sourit, mais ça ne prend pas. J'adoucis un peu mon ton, mais pas ma pensée. « Alors ne l'utilise pas. T'es assez grande pour t'en passer, non ? » Question qui n'attend pas de réponse - j'ai déjà saisi le morceau de plastique qui finit sur une serviette, tandis que je pousse le verre vers elle et que je retourne à mon papier : l'odeur du café, le brouhaha des clients et l'ambiance de l'établissement, s'ils ne suffisaient pas à distraire Jane, avaient au moins le mérite de délier un peu mes doigts et leurs mots. Question qui n'attend pas de réponse, question qui aurait dû attendre une réponse : je n'ai pas le temps de relire ma dernière phrase qu'un bris de verre retentit, qu'une masse jaunâtre s'éparpille sur la table et que je constate, après que j'aie eu le premier réflexe de sauver mes trois nuits de boulot d'une noyade certaine, qu'elle s'était aussi étalée sur la gamine aux deux, cent, mille mains gauches. Un air consterné partagé - tiens, enfin un terrain d'entente ! -, je suis le premier à le lâcher au profit d'un soupir prononcé et d'une lueur de dépit, puis, d'abandon. J'ignore son regard, celui des autres, je me décale d'un cran sur ma gauche et je repose mon papier en zone sécurisée, ma main cherchant ma tasse et un boost de café nécéssaire pour me replonger dans mon monde. « Je l'ai pas fait ex...  »  « Débrouille-toi toute seule, Jane.  » Un mouvement de menton qui désigne le comptoir ou les toilettes ou le porte-manteau, je m'en fiche, accompagne à la perfection ma réplique à mi-voix, lente et désintéressée, tandis que je repose ma tasse sur le coin de table épargné et que mon stylo reprend tout mon intérêt.



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Déborah H. White
Déborah H. White
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they said the first 40 years of parenthood are always the hardest. EmptyDim 19 Avr - 19:32



déborah & jack ✖ Grown ups are complicated creatures, full of quirks and secrets.


Elle est là, assisse au comptoir. Elle regarde les gens. La petite vielle qui tient son sac bien serré contre son ventre. Les deux greluches au fond à droite qui rient trop fort, parlent trop fort, vivent trop fort. Le serveur qui regarde l'heure toutes les trente secondes. Le couple qui déverse son amour sans pudeur, sans retenue. Le père et sa fille, lui trop occupé, elle trop excité. Les gens. Tous les gens. Ceux qui entrent. Ceux qui sortent. Ceux qui vivent. Et elle, elle reste juste là. A regarder. Avec devant elle son petit calepin et ses mains qui griffonnent. Ses mains qui captent les traits, les expressions, les éclats de rire même. Ses mains qui dessinent sans s'arrêter, comme un putain d'automatisme, un truc qu'elle ferait sans même s'en rendre compte. Ouais. Voila. C'est ce qu'elle fait Déborah. Depuis bien deux heures maintenant. Le cul visé sur un tabouret, une tasse de café froid depuis longtemps devant elle, elle observe les gens, imagine leur vie, et sans aucune retenue les fige sur ses petits papiers blanc. Elle ne serait même plus dire de quand ça date cette habitude. Depuis combien d'années s'adonne-t-elle au voyeurisme pour faire passer les minutes, les heures, l'ennui ? Elle sait plus. Elle s'en fout. Elle le fait, c'est tout. Et elle accumule les pages noircies au crayon de papier d'esquisse qu'elle n'utilisera jamais. Ne finira jamais. Elle les laissera juste s'accumuler dans un tiroir ou prendre la poussière sur le dessus d'une table. Sauf si Zeke les trouve à son goût au quel cas, ils finiront accroché au mur de leur appartement minable. Pour ce que ça change. Ça n'en restera pas moins des bouts de papier inutile. Leur appartement minable, c'est sûrement à cause de lui aussi qu'elle se retrouve dans ce petit coffee shop au coin de la rue. Parce que parfois, parfois seulement, elle a l'impression d'étouffer entre ces quatre murs. Quand Zeke n'est pas là. Ça lui fiche les foies le silence, le vide, la solitude. Ça n'a pourtant jamais été la fille la plus sociable du monde la petite Déborah. Toujours à râler, à jeter des regards noirs aux gens qui l'entourent, à lancer ses remarques déplacées, juste pour rire. Pourtant elle n'aime pas être seule. Sûrement parce qu'elle  ne l'a jamais été, parce qu'elle a grandi dans une famille de sept gosses et qu'après eux il y a eu Zeke toujours là pour elle. Alors oui la solitude lui file des angoisses et elle préfère être là, devant sa tasse qu'elle ne boira pas et ses gens qui ne l'intéressent pas. Elle préfère le bruit vain de leur conversations parfois pathétique et de leur jugement moraux, qu'ils s'évertuent tous à offrir au monde entre deux remarques sur le temps qu'il fait, que le bruit dérisoire et pourtant assourdissant du frigo entrain de tourner.

« Si c'est pas une honte de voir ça.... Quand on n'a pas de temps pour s'occuper de ses enfants, on ne devrait pas en avoir »
Et les voilà justement, les jugements moraux. Déborah laisse retomber son crayon et tourne légèrement la tête pour observer la scène pendant que Gertrude et Monique, grandes dames bien-pensantes de leur état, continuent de râler tout bas sur le monde qui va mal et le temps qui était tout de même mieux avant. Elle regarde la gamine dont le t-shirt à présent tâché de milk-shake doit sentir bon la vanille et le père au tient fatigué qui tente de sauver ce qu'il peut du désastre, renvoyant l'enfant apprendre l'autonomie pendant que lui même se replonge dans son travail. Déborah ne peut pas s'empêcher de ricaner, moqueuse, devant la gamine pas très adroite qui tente de rattraper ses bêtises à l'aide de la serviette qui accompagnait sa boisson. C'est plus fort qu'elle. Déborah elle aime bien les gamins mais leur incapacité à utiliser correctement leurs deux mains, ça l'a toujours fait marrer, tout comme les regards désespérés qu'ils offrent toujours eux adulte quand ils sont dépassés par des situations pourtant pas bien compliquées. Et ça ne manque pas, la gosse elle lève les yeux vers son père mais elle doit bien se rendre à l'évidence, elle n'obtiendra rien de lui alors elle tourne la tête cherchant de l'aide ailleurs et ses pupilles croisent celles de Déborah qui lui sourit avant d'attraper une pile de serviettes posées sur le comptoir et de les tendre dans sa direction. La petite fille lui sourit en retour et ses yeux semblent s'illuminer de soulagement devant cette aide inespérée. Glissant à bas de sa banquette elle se met à trottiner jusqu'à Déborah et vient attraper les petits bouts de papier qui effaceront sa maladresse. « Merci » « Pas de quoi. » lâche Déborah s'attendant à voir la gamine repartir en sens inverse aussi vite qu'elle est venue. Mais non. Elle reste là à observer le calepin poser devant Déborah, avec l'air particulièrement intriguée. Elle se retourne à demi pour voir son père toujours plongé dans ses papiers et semble décider que le milk-shake tombant goutte à goutte sur le cuir rouge du siège peut bien attendre un peu puisqu'elle se hisse sur le tabouret à la droite de la jeune femme et se penche sur l'objet de son attention. « C'est toi qu'a Dessiné ? » « hum, hum » Déborah hoche la tête, poussant du bout des doigts le carnet vers l'enfant. « Regardes si tu veux. » Sans attendre qu'on le lui dise deux fois, la blondinette commence à faire défiler les pages, apparemment fascinée par ce qu'elle voit. Et sans même qu'elle ne s'en rende compte Déborah laisse fleurir un sourire sur ses lèvres. Oui, vraiment, elle aime bien les enfants. Il y a quelque chose de si simple chez eux, si innocent, loin de toute la connerie des adultes. Ça la rassure un peu même si elle sait bien que ça ne dure jamais bien longtemps tout ça. Éventuellement eux aussi finissent par grandir et le crâne bourré d'idées qu'on leur a imposée, ils deviennent aussi con que le reste de la population. Mais pour l'heure, l'enfant blonde comme les blés est encore à l'âge  où Déborah a de la tendresse pour eux. Attrapant à son tour une serviette, elle vient essuyer le t-shirt de la gamine plus dans un réflexe qu'autre chose. C'est ce qu'elle aurait fait pour ses frères et sœurs et malgré le temps les habitudes semblent être toujours là. L'enfant lui sourit pour la remercier avant de se replonger aussitôt dans les pages qui lui font face, s'arrêtant soudainement sur l'une d'elle et la présentant à Déborah toute excitée. « C'est moi et Jack ? » De nouveau la jeune femme hoche la tête. Jack. Peut-être pas son père finalement. Pas que ça est vraiment d'importance mais elle ne peut s'empêcher de se faire la réflexion. « Tu l'aimes ? Tiens, cadeau. » Sa main vient déchirer le bord de la feuille et la tend vers la gamine qui rayonne de bonheur devant ce présent de noël anticipé. « Tu devrais aller nettoyer tes bêtises avant de te faire gronder ma grande. Je te montrerais d'autre dessins après si tu veux. Mais prévient... Jack ?... Que tu es là, d'accord ? » Oui il a l'air occupé, et cela froisse peut-être Gertrude et Monique mais pas Déborah. Elle, elle se met juste à sa place et se dit qu'elle n'aimerait pas relever la tête de son travail pour découvrir que l'enfant dont elle avait la charge a disparut. Et puis elle, elle a du temps à perdre alors... ça ne la dérange vraiment pas. L'enfant semble hésiter, apparemment peu désireuse d'abandonner le calepin qu'elle tient dans ses mains mais elle finit par se faire une raison et saute à bas du siège, tenant toujours le dessin qu'on vient de lui offrir bien précieusement aux creux de sa main. Déborah lui redonne les serviettes qu'elle était venue chercher en premier lieu et la suit du regard pendant qu'elle court jusqu'à sa table, puis ses mains récupèrent le petit carnet et le crayon de bois et déjà elle reprend sa routine, griffonnant une nouvelle esquisse tout droit sortie de son imagination cette fois. Si l'enfant revient elle aura toujours quelque chose à lui montrer, quelque chose de plus beau que la triste réalité du coffee shop et de ses gens pas si intéressant.



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