Tu as toujours été un bagarreur. Un petit malin qui se croit au dessus de tout le monde. Tu bombes la poitrine, ferme les poings, serre les dents et tu cognes. Tous le petits copains de ta sœurs ont eu le droit à ce rituel de passage. Ta mère est une prostituée irlandaise. Tu n'as pas honte d'elle, ni de tes origines. Elle t'as donné naissance à Dublin et s'était marié peu de temps après avec son amour de jeunesse. Ton père. Connor Lannister. Un homme d'affaire au business pas très légal, gérant le trafic d'arme etc. Mais tu n'as jamais vraiment compris ce que ton père faisait réellement. Tu imagines qu'il n'as jamais voulu te mettre en danger avec ses problèmes. Ton enfance n'as pas été plus compliqué qu'une autre. Tu as déménagé à New york pour tes treize ans. Habitant dans une grande maison dans le quartier Los feliz. Papa, maman ta sœur et toi. Famille au complet, se débrouillant pour toujours avoir de quoi s'occuper même si ça voulait dire braquer le petit épicier du coin avec ta batte de base-ball. (Juste pour rigoler un peu). Tu l'aimes ta jolie batte. Cadeau de tonton Earl pour ton anniversaire.  Les services sociaux connaissent ta famille, mais ton père, bon baragouineur vous sort toujours d'affaire. Ton père ce héro. Il t'inscrit au lycée de quartier grâce à l'argent qu'il cachait à droite à gauche dans des banques d'autres pays. Ton père ce héros. Ton père cet escroc.  Malgré tes lourdes expulsions, suites à de nombreuses bagarre, tu gardes un bon rythme scolaire. Pas si con que tu en a l'air. Alors à dix neuf ans, grâce à ton père tu rentres à la meilleure université de L.A, boursier et fier. Premier de classe en finance.  La racaille qui sort du lot, le petit génie, le surdoué.. Ta mère est fière de toi.

Il a les yeux verts. Des petites taches de rousseurs ornent ses joues creuses. Il a des cernes, le teint livide. Ses pupilles sont souvent dilatées, abîmées par la drogue. Mais il est calme, souriant. Ses cheveux sont orange vif. C'est poil de carotte. Il est dans la même université que toi, dans ta classe. Tu ne cesse de le regarder. Tu n'arrives pas à penser à autre chose que lui. Pourtant, il ne te parle pas et ne daigne même pas un regard. Tu es de la vermine pour lui, enfin tu penses..
Un soir, tu ne sais comment, il se retrouve dans ta chambre. Il te sourit tendrement et t'embrasse. Depuis ce jour, tu ne cesses de penser à lui, même pas une seconde de repos. Tu tombes aussi vite amoureux, que lui pose ses lèvres sur les tiennes. Il t'obsède.
Votre relation dure deux ans. Ce n'est pas une relation saine: les disputes violentes, les cris, les insultes. Tu l'aimes et tu te déchires peu à peu pour lui. Il se déchire lui aussi. C'est Sean. Sean et ses grand yeux turquoise, sa bouche mince, son dos musclé.
Sean qui un soir, défoncé, te vise avec un revolver. Il te dis qu'il te détestes, mais qu'il t'aime à la fois. Bon sang ce garçon n'a aucune logique.
Il pleure quand il te hurle de partir et de ne plus le toucher. Tu n'as jamais voulu lui faire du mal. Tu l'aimes c'est tout. Tu es fou de lui. Et il appuie son canon sur sa tempe. Et tu cours pour le retenir...Mais c'est trop tard.
C'est Sean, ses cheveux toujours emmêlé, son regard malicieux, ses doigts fins, son rire mélodieux. C'est Sean, étendu à terre, le sang colorant le carrelage d'une couleur noirâtre. C'est Sean que tu as tué. C'est Sean que tu as aimé.

Persuadé que tu as tué Sean, ces salopard t'internes en prison. Tu enchaînes les thérapies de groupes, les bastons avec tes collègues les taulards, les coups avec les gardiens. Tu subis encore et encore.Tu passes deux ans en prison, pour qu'enfin, on comprennes que tu n'es pas un meurtrier. Il faut dire que ton casier judiciaire n'a pas trop motivé la justice à te relâcher. Sortis de la prison, tu regrettes un peu. Au moins tu avais nourriture gratuite et paix. On ne te demandais rien, on te laissait vivre. Et la triste réalité du quotidien te pris en plein fouet. Le deuil. Voilà ce que tu affrontes. Le deuil de celui que tu aimais plus que ta propre petite personne.

Tu erres dans les rues de L.A. Tu divagues entre les voitures qui te klaxonnes. Tu es ivre. Tu es toujours ivre. Tu pue la vodka à des kilomètres à la ronde. Tu as peu d'amis, tu couches à droite à gauche en rêvant secrètement que c'est Sean que tu embrasses. Tu rêves souvent de lui, de sa tignasse rousse et son sourire charmeur. Tu rêve souvent qu'il débarque une nuit et s'installe contre toi. Vieux sentimental fragile. Tu te dégoûtes peu à peu. Tu enchaînes les anti-dépresseur en espérant qu'il fasse effet. Ce n'est pas le cas.
Tu deales pour payer ton loyer. Coke, Hero etc.

Tu es fatigué aujourd'hui. Fatigué de cet haine qui t'animes depuis 27 ans.