Albuquerque, il y a un peu plus de 28 ans.

Plumeria Everlee Crescent rencontrait le nouvel homme de sa vie. Après avoir sillonné les Amériques du sud au nord pendant 2 ans, après avoir participé à diverses manifestations aux causes toutes plus humanitaires les unes que les autres, elle succombe au calme et à la douceur d’un homme, un seul, qui réussit à lui faire miroiter autre chose que la défense de droits de l’humain ou de toute autre créature vivante le temps d’une nuit. De plusieurs nuits en fait, étalées sur une belle année. Elle qui avait jadis abandonné son mari et sa fille de 5 ans, elle qui avait toujours prôné la liberté pure et dure, finissait par se caser. Jusqu’à ce qu’un être, tout petit, tout fragile, se crée en elle. Jusqu’à ce qu’elle sente les fourmis lui chatouiller les jambes. Jusqu’à ce qu’elle quitte tout, enceinte, rêvant déjà d’un – autre – nouveau départ.

Si la mère d’Hugo avait la réputation d’être une fuyarde, elle n’a pas osé l’abandonner à la naissance, ni quelques années plus tard. On peut toujours lui donner qu’elle est restée près de lui, qu’elle a bûché dur pour lui offrir un toit, de la nourriture sur la table, une éducation. Que ses erreurs passées ont eu la beauté de lui faire comprendre qu’un enfant, on ne le laisse pas seul. Jamais. Et malgré cela, Hugo a toujours, toujours ressenti une profonde solitude à la maison. À l’école. Au boulot. Partout. Enfant de l’ombre, sans père, avec une mère qui tente de combattre ses mauvaises habitudes à tous les jours, il manqua cruellement d’amour et d’attention durant toute son enfance et son adolescence. Je l’imagine bien chercher par tous les moyens à attirer l’attention, passant des crises de larme aux actes un peu plus violents – chose à laquelle il se plaira avec les années – sans arriver à vraiment montrer la douleur contre laquelle son petit corps se battait encore et encore. À grands coups de chats de gouttière torturés et d’excès de pyromanie, Plumeria remarquera que trop tard qu’Hugo n’était pas un enfant comme les autres. Pas un enfant comme Isla.

Pourquoi décide-t-il de quitter la maison familiale pour emménager à L.A.? D’abord parce qu’il ne s’est jamais senti chez lui auprès de sa mère, dans une ville qu’il déteste. L’espoir de bâtir une nouvelle vie arrive déjà à le faire rêver. Mais surtout, c’est Plumeria qui insistera pour qu’il mette les pieds à Los Angeles, ayant eu vent par un miracle qu’Isla y était de nouveau. Elle insiste, un peu puis pas mal et Hugo succombe, acceptant d’aller espionner sa demie-sœur pour confirmer à sa mère qu’elle va bien. Si seulement elles savaient… Hugo n’a pas la moindre intention de rendre le tout facile pour Isla. Adepte de boxe et des combats extrêmes, il a appris à canaliser un temps sa colère, sa rage, sentiments créés par la faute d’Isla qui même si elle n’existait pas vraiment lui bousillait la vie. Et son plan est désormais très clair : sans révéler son identité à la brunette, il a pour intention de lui faire vivre le même calvaire qu’il a vécu, depuis sa naissance.