Il a des moments, dans un vie, qui vous marquent à jamais. Comme si ces moments étaient ce qui formaient votre vie, votre comportement, vos souvenirs et que tout le reste à côté n’était que détails. Cependant, la plus part des personnes ne se rendent pas comptes de ces moments, et ne les vivent pas à fond. Timothy faisait partie de ces personnes là, de ceux qui le soir dans leur lit, repensait à tous ces moments passés et aux gestes, aux paroles qu’ils auraient pu dire ou faire à la place d’autres. Même en ce moment même, alors qu’il était allongé dans son lit, regardant le plafond car il n’arrivait pas à dormir, Rebecca sa petite amie allongée, dormant à poings fermés sur son torse, Tim ne pouvait s’empêcher de repenser aux moments de sa vie qu’il voudrait revivre pour pouvoir les modifier et faire les choses bien, voire mieux. A commencer d’abord par son ex petite amie, Clara. Ça aurait du être elle avec lui, en ce moment même. Il aurait du partager sa vie avec elle, c’était techniquement ce qui était prévu. Mais quelque-chose, un jour, avait fait que ça n’était pas arrivé. Que le jour où il lui avait demandé si elle voulait bien venir emménager avec lui, elle avait disparue. Comme ça, sans plus un mot, sans rien, ayant même quitté son domicile de ce qu’il avait pu voir. Tim n’avait jamais compris cette réaction, surtout qu’entre eux tout allait pour le mieux. Et si c’était juste parce-qu’elle en se sentait pas prête pour ça, il ne comprenait pas pourquoi elle ne lui en avait pas simplement parlé. Et c’était d’ailleurs suite au départ de Clara qu’il s’était rapproché de Rebecca. Becca… A vrai dire, ces deux là étaient déjà proches avant. Ils s’étaient connus sur les bancs de l’université, mais avaient été jusque là de simples meilleurs amis. Timothy au début ne la voyait pas autrement que comme ça car il était dans une période où il ne se posait avec personne, et qu’il l'appréciait trop pour envisager ce genre de relation. Puis le temps était passé, et au bout d’un moment il avait rencontré Clara. Rebecca bougea légèrement, semblant se réveiller un peu. Tim baissa son regard sur elle, lui souriant tendrement lorsqu’elle ouvrit les yeux. Peut-être qu’entre eux deux, ce n’était plus aussi doux et romantique que ça avait pu l’être par le passé, peut-être que dernièrement, ils avaient eu plus de bas que de hauts dans leur couple, mais il ne pouvait dénier qu’il l’aimait tout de même. Ce n’était pas le genre d’amour qui vous frappe d’un coup, qui vous tord l’estomac dès que vous voyez l’autre personne, qui vous laisse sans voix, non c’était plutôt le genre d’amour qui s’installe doucement, lentement, au fur et à mesure des jours passés ensemble. Cependant, c’était aussi le genre d’amour fragile qui, dès que la première dispute apparaissait, était à deux doigts de s’écrouler. Rebecca et lui s’en étaient accommodés, car ensemble ils étaient bien. De plus, le fait qu’ils se destinent au même métier plus tard avait fait qu’ils passèrent, après la rupture de Tim et Clara, tout leur temps littéralement ensemble. Pas étonnant que ça finisse en relation sérieuse par la suite aussi…

« Salut toi.
- Tu dors pas ?
- Non, je pense au travail que j’aurai dans la journée… Ca va toi ? Tu te sens moins nauséeuse ?
- Ca va on va dire… Tu pourrais aller me chercher un verre d’eau quand même s’il te plait ? »

Embrassant sa compagne sur le front, il sortit du lit pour aller en direction de la cuisine. A vrai dire, si leur couple allait mieux ces derniers temps, c’était à cause du fait que Becca était nauséeuse ces derniers jours. Enfin, la raison pour laquelle elle était nauséeuse. Car oui, il semblerait qu’elle était belle et bien enceinte. Lorqu’elle avait annoncé la nouvelle à Timothy, il n’en avait pas cru ses oreilles. Pour lui, devenir père semblait être quelque-chose qu’il avait projeter dans un futur très lointain, comme s’il était encore qu’un gosse et que c’était beaucoup trop tôt. Pourtant, à vingt-neuf ans, c’était le genre de choses qui arrivaient. Mais ce qui le dérangeait dans cette histoire, c’était qu’en réalité il n’était pas prêt. Que cet enfant n’était pas prévu, qu’ils ne cherchaient pas à en avoir. Pas qu’il ne le voulait pas, non, il l’aimerait de tout son coeur il le savait, juste que ce n’était pas forcément le bon moment. Que ce n’était pas ce qu’il avait prévu, et… Il n’avait pas réellement envisagé d’avoir des enfants avec Becca. Arrivé dans la cuisine, il se passa d’abord de l’eau sur le visage. De toutes façons, vu l’heure, il n’allait pas se recoucher alors autant faire comme s’il se levait pour aller au boulot. Remplissant un verre d’eau qu’il apporta à Rebecca, il alla ensuite à son bureau, alluma son ordinateur. Cinq nouveaux mails, dont un d’une adresse qui lui était inconnu. Fronçant les sourcils, il l’ouvrit, et ce qu’il put y lire le laissa sans voix. Littéralement.

Monsieur Holden,
Veuillez recevoir nos plus grands remerciements pour ce don si généreux que vous nous avez fait. Nous vous assurons de l’utiliser pour le meilleur.
Cordialement,
Le Sourire des Enfants - Association

« C’est quoi cette blague… »

S’il y a bien une chose dont il était sur, c’est qu’il n’avait fait aucun don ces derniers temps, à part un don de sang. Et surtout, il n’avait jamais vu le nom de cette association. Travaillant dans un hôpital, vous en entendez des noms d’association, et à force vous finissiez par en connaître un bon nombre dans le coin où vous habitez et/ou travaillez. Mais celle là ne disait réellement rien à Tim. Méfiant, il prit le temps d’aller consulter ses comptes, pour s’assurer que c’était vraiment une connerie, un mail envoyé par erreur, ou quelque-chose dans le genre. Et ce qu’il vit ne le rassura en rien.

« Putain mais c’est quoi cette connerie de merde là ! »

Colérique, vous dites ? Non, pas du tout le genre. Disons qu’heureusement que ses voisins n’étaient pas chez eux ce weekend, sinon ils auraient eu une crise cardiaque dans leur sommeil - causée par un cardiologue, ironique tout de même. En tous cas, ça réveilla définitivement Rebecca qui accourut presque pour voir ce qu’il se passait, le regard effrayé. Et il y avait de quoi. Lorsque quelqu’un gueule comme ça dans tout l’appartement, ce n’était jamais, en général, pour quelque-chose de bien. Dans ce cas ci, Timothy était réellement en colère. Car après avoir vérifié ses comptes, il avait pu s'apercevoir qu’il ne lui restait plus que le minimum vital, et même pour un médecin comme lui qui vivait plutôt aisément, il jugeait que c’était en dessous du minimum vital. Il avait la rage, car il était sûr qu’il n’avait pas utilisé tout cet argent et qu’il venait d’être victime d’un piratage, d’un vol, de tout ce que vous voulez en tous cas. Et lorsqu’il retrouverait le type qu’il lui avait fait ça, il se promit de lui faire payer, cher.