Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

 :: Les Archives :: La salle des archives :: RPs
ALBANE & DAWN - White lies
Dawn J. Baker
Dawn J. Baker
Messages : 599
Date d'inscription : 20/10/2014
Célébrité : Emma Stone
Crédit : fassylover & tumblr

ALBANE & DAWN - White lies Tumblr_msikkhe0Tl1s00ervo6_r2_250
Emploi : peintre, co-propriétaire du MOCA
love out loud : Won't you help me be on my way? So I can set me free.

ALBANE & DAWN - White lies Empty
ALBANE & DAWN - White lies EmptySam 17 Jan - 0:17
white lies

Cross my heart and hope to die, if you ever catch me in a white lie. I lay me down in the tall grass tangled in the weeds in my messy bed.

J’avais mal. Cette sensation que j’endormais, bien malgré moi, depuis plus d’un an s’était réveillée. À son contact, à son regard, à ses mots, à ses cris. J’avais mal de l’avoir revu, encore plus de l’avoir ignoré, de l’avoir englouti, de l’avoir oublié, un peu, juste un peu, juste assez pour dormir, pour respirer, pour vivre. Mais je ne l’avais pas supprimé, oh non. Jamais, jamais je ne m’aurais fait ce cadeau. J’étais beaucoup trop repentante, beaucoup trop amère, beaucoup trop dérangée pour m’autoriser un salut de ce genre-là, de celui qui calme, qui soigne, qui renaît. J’étais tout sauf un phénix, tout sauf une braise, sauf peut-être sa cendre. Grise, morne, éparpillée, douloureuse, brûlante d’un feu d’avant, d’avant lui, d’avant nous. D'avant ce jour où il m’avait trouvée, où je l’avais laissé faire, je l’avais laissé approcher, j’avais relégué toutes mes peurs, toutes mes stupides craintes loin pour ses beaux yeux, ou pour les miens je ne sais plus, pour finir par m’écorcher vive, par tomber avec lui, par l’attirer loin, et près, et loin encore. Par commettre l’irréparable, par l’attiser hors d’une galerie que je détestais maintenant parce que chacune des toiles qu’il y avait arrachées étaient maintenant le résultat de ma douleur, des grincements de ses doigts sur la peinture et sur ma peau, sur mes os. Il était venu, il avait récolté ce dont il avait besoin et moi, moi, j’avais tout lâché. Laissé tomber mes quelques mensonges, mes idées folles, volatiles, pour l’empêcher de faire une gaffe, pour ramasser un peu plus ses membres brisés, son corps tremblant, ses yeux fuyants. J’avais gardé le silence parce que je n’avais pas trouvé la force de ne rien dire, de ne rien dire de brillant, de ne rien dire du tout, force que je concentrais sur mon ventre pour l’empêcher de m’avaler. De ne rien dire pour le taire, pour me taire, pour nous taire, comme si c’était plus facile, plus sain, plus beau. Ses cris avaient d’abord pris toute la place, avant d’être brisés par le regard et les poings d’un autre, celui qui gardait la sécurité sans vraiment le faire, celui qui l’avait entraîné dans une ruelle humide pour l’éloigner de moi, de sa folie soudaine que je ne reconnaissais pas ou alors que je connaissais par cœur pour la vivre moi-même. Comme si ses pas las, forcés sur le bitume froid auraient pu faire quoique ce soit pour le détourner, comme si les miens, précipités ne demandaient qu’à le retrouver peu importe les dommages que cela causerait. Il m’évitait, comme je l’avais fui, et son inconscience suite aux coups qu’il avait encaissé pour ses gestes me suffit d’alibi pour héler un taxi, comme il le faisait jadis, à bout de souffle, à bout de voix, à bout de tout.

J’ignorais, le regard fixe, ce qui m’avait le plus marqué, de la veille. Sa silhouette que j’aurais pu reconnaître d’entre toutes, le regard perdu et mauvais, noir et blanc, gris, très gris, trop gris, qu’on avait échangé. Les mots susurrés, les doigts qui s’enlacent naturellement, le profil de son visage qui se presse sans vraiment le faire sur mon épaule. Son corps, étendu dans un lit qui ne lui appartient pas, qui ne m’appartient pas non plus, séparé par un mur, un brin de carton frigide, inhumain, inutile, sur lequel je suis restée appuyée des heures durant. Mon index jouant nerveusement avec la couverture recouvrant ses épaules meurtries. Son souffle saccadé, lourd, profond, dérangé, comme le mien, qui malgré son sommeil ne semble pas du tout reposé, comme s’il ne le serait jamais de toute façon. Ou son départ, furtif, vil, cruel, mérité, à mon réveil, alors qu’il avait laissé la chambre d’amis vide, impuissante, devant les larmes que je retenais comme toujours, l’eau salée qui me noyait un peu plus de l’intérieur. Je m’étais levée, parce qu’il n’y avait que ça à faire. J’avais ramassé ses draps, absente, toujours, pour les enfouir loin au fond du panier de vêtements que je ne portais pas, que je n’aimais pas, que je cachais comme tout le reste, de toute évidence. Et j’étais partie, parce qu’il ne restait que ça à faire, que ça devenait une habitude, mon habitude. La maison vide qui se refermait sur moi m’étouffait un peu plus que toujours, et je ne m’imaginais pas du tout devoir y rester, y exister, y endurer quoique ce soit. Autrement qu’une vie. Avec lui. Aidan. Qui n’avait jamais rien mérité de moins que le meilleur. Qui l’avait peut-être vu se profiler avec moi, qui l’avait surement ressenti, une fois ou deux, qui y avait cru, assez pour me demander maladroitement de devenir sa femme, sa moitié, son autre, son tout. Je bloquais alors que j'espérais savoir ce qui dégageait en moi l’envie, le besoin de s’accrocher, mais comme j’avais refusé déjà une fois, comme j’avais vécu le non, l’entièreté de la chose, et la suite, le retour, la fuite, les accusations, je ne me voyais pas m’y remettre. Ou alors, je le retardais. Croyant aux signes, aux désirs, aux doutes, aux miracles peut-être. Miracles. Ah.

Mon épaule poussa distraitement la porte de la galerie, ne remarquant pas tout de suite qu’habituellement, les dimanches, elle était close à cette heure. Piètre réceptionniste que j’étais, j’avais dû oublié de verrouiller l’endroit la veille, mais les quelques mouvements qui me trainèrent jusqu’à l’intérieur du MOCA me confirma que peu importe où j’aurais pu avoir la tête, rien n’aurait justifié que je pense, peut-être même à un moment complètement lointain, à fermer comme s’il s’agissait d’une nuit normale. Rien, rien, rien n’était normal. Tout était saccagé, en lambeaux, douloureux. L’odeur de peinture, de vin, de poussière, de remords me monta au nez et je détournai le regard, interdite. Comment est-ce qu’on avait fait, pour se rendre là? Comment est-ce qu’on avait fait pour finir par s’entretirer, par s’entretuer, comme on le faisait maintenant? Pourquoi nous remettre sur la même route, sur le même chemin? L’impression que je le méritais, que ce n’était là que le juste retour de l’ascenseur me confirma que j’avais raison, d’appréhender. Que j’avais tout bon d’avoir espéré, chaque jour, qu’il revienne, qu’il réclame son dû, qu’il me fasse payer. Ma vie, la nôtre, étalée à mes pieds, aurait pu ne pas m’arracher une seule larme. Si j’avais été intelligente, franche, forte, j’aurais ramassé, sans tressaillir, comme une punition méritée, comme un châtiment qu’on ne reçoit que parce qu’on l’avait cherché. Mais je n’en avais pas la force. Jamais, jamais plus. Et surtout pas en sachant qu’il n’était pas à l’autre bout du pays. Tout près, si près, trop près.

Je m’y brûlais encore, comme toujours.

Ne suffit que d’un coup d’œil sur elle, la Jaune, vestiges sauvés, seule toile qu’il m’avait laissée parce qu’il avait reconnu, parce qu’il avait su, parce qu’il avait vu. Des pas derrière moi me firent l’effet d’un coton qu’on entoure autour de soi et je ne me retournai pas tout de suite, profitant encore de ce que je pouvais toucher du bout des doigts, mon rêve, le nôtre un peu, celui qui me confirmait l’impossible, le plus horrible, l’écœurante suite. Ce n’était pas un adieu.

« Je suis venue ranger ce qui restait… » que je tentai, levant la tête vers Albane, qui était maintenant à mes côtés, arrivée en douce, ou peut-être pas. Et malgré moi, je sentis une larme, douce, abominablement douce, se frayer un chemin sur ma joue.
Revenir en haut Aller en bas
http://dawnattelo.tumblr.com/
Invité

ALBANE & DAWN - White lies Empty
ALBANE & DAWN - White lies EmptyVen 23 Jan - 10:16
white lies

Cross my heart and hope to die, if you ever catch me in a white lie. I lay me down in the tall grass tangled in the weeds in my messy bed.


Il y a-t-il un moment ou c’est si douloureux que l’on en est anesthésié ? Ou l’on ne ressent plus rien ? Ou l’on a l’impression d’être vide ? Est-ce que c’est ça soigner le mal par le mal ? Est-ce que cela veut dire avoir si mal que l’on ne peut plus jamais avoir mal de sa vie ? Est-ce que cela a un véritable intérêt ? Parce que c’est ce vide, cette absence étrange de douleur qui vous laisse sur le carreau. C’est ce point là dont on ne retourne jamais vraiment. Albane en était persuadée. Elle avait lu, peut être un peu trop. Elle avait lu des romans de guerre, d’amour, de gloire, de mort. Elle avait tout dévoré. Elle connaissait les sentiments dans leur plus belles parures, avec leur plus beaux mots. Et elle les aimait. Elle aimait la douleur autant que le bonheur, sinon plus parfois. Parce qu’il n’y a rien dans le bonheur à sublimer. Alors que les écrivains, les poètes, les peintres, ces dieux de l’art, ils ont su magnifier la souffrance. Ils l’ont élevées au rang de canon inatteignable. Rien ne pouvait être plus beau à atteindre que cette douleur pure et universelle qui déchire les coeurs et vous fait dire ; je vais me battre. Il n’y a rien de pire que cette anesthésie ridicule qui vous entraine dans les limbes du rien. Ce n’est pas la douleur qui est le ciment de la dépression, elle en est tout au plus le déclencheur. Mais c’est cette anesthésie qui en est la glu, les sables mouvant. Un instant vous vous réjouissez de ne plus sentir cette douleur pourtant si salvatrice, et l’autre instant vous êtes empêtré jusqu’à la taille dans cette fange de rien et de négation. Je ne souffre pas. Je ne suis plus. Non, il ne pouvait rien y avoir de pire.

Aujourd’hui Albane ne ressentait plus rien. Ce n’était pas faute d’essayer. Ce n’était pas faute de s’activer, comme tous les jours, pour faire semblant que tout allait bien. Mais aujourd’hui, il n’y avait pas d’effondrement programmé pour la fin de la journée dès que tout le monde aurait le dos tourné. Aujourd’hui il n’y avait pas de pointe sur son coeur qui la chatouillait et la prenait jusqu’aux tripes. Aujourd’hui elle avait les yeux secs, le coeur serré, l’âme absente. Peut être était-ce à cause d’hier. Peut être était-ce à cause de la nuit blanche. Peut être que ce n’était pas grave. Peut être que ce n’était pas ça l’anesthésie. Peut être qu’elle était simplement pas tout à fait là. Peut être qu’elle était juste perdue. Ca ne pouvait pas lui être tombé dessus comme ça. Elle n’avait pas pu dépasser le niveau de douleur autorisé. Ce n’était qu’une mort. Ce n’était qu’un amour qui sentait bon le désastre. Elle était plus forte que ça. Elle pouvait avoir les os brisés sous la force d’un souffle amoureux. Elle pouvait avoir le coeur broyé, l’âme déchirée. Elle pouvait supporter tout ça. Et même si dans sa petite vie bien rangée, bien propre, et si facile elle n’avait jamais souffert comme ça. Mais ce n’était pas grand chose. Ce n’était qu’une mort. Ce n’était qu’un amour qui sentait bon le désastre. On ne s’anesthésiait pas pour ça. Elle ne voulait pas être anesthésiée. Elle voulait tout ressentir.

Mais la scène d’hier l’avait arrachée à sa souffrance habituelle. Peut être parce que hier ça ne la concernait pas tout à fait. Et si cela ne s’était pas passé dans sa galerie, avec des oeuvres qu’elle appréciait énormément et qu’elle avait sélectionné avec soin avec Max, et la merveilleuse artiste, ça ne l’aurait pas concerné du tout. Mais c’était des oeuvres qui étaient mise en lambeaux ce soir là. C’était sa galerie qui avait été le témoin de la défaillance du coeur humain. Parce que ce n’était que ça. Mais est-ce que cela suffisait ? Est-ce que cela excusait tout ? Pouvait-elle se matin, poster une excuse sur le site du MOCA, pour prévenir, « désolé, ceci n’était pas une attaque à l’art, ceci était un coeur blessé. » ? Non elle ne pouvait pas. Il n’avait pas été juste. Il n’avait pas été fin. Il n’avait surement pas réfléchit. Mais aujourd’hui, Albane ne lui pardonnait pas. Ca ne devait pas avoir d’importance pour lui. Ou peut être serait-il plus disposé à l’écouté maintenant, plutôt qu’hier, sous le coup de la rage, de la douleur. Lui n’était pas anesthésié. Lui, il était lambeau. Lui, il était ses toiles éparpillées sur le sol alors que le vernissage n’était pas finit. Mais lui, il était sa goutte qui avait fait débordé son vase. Celui de Dawn, aussi surement. Mais pour le moment, elle en avait pas la confirmation.

Lorsqu’elle l’avait vu saisir la première toile, elle avait eu un haut le coeur. Ca l’avait planté au mur, un tel acte, de sa part. Il connaissait l’importance de l’art, pour Dawn, pour le monde en général. Elle aurait pu rester cloué là. Elle était restée cloué là. Et ça avait tué sa souffrance. Sa souffrance elle avait toujours eu un échos dans l’art, dans ses toiles, dans celle qu’elle exposait. Elle avait la peinture dans les yeux, le monde s’étalait en touche plus ou moins épaisses et violente sur une toile immense. Il avait tué l’art, il avait tué le monde, il avait tout détruit. Il avait démoli sa souffrance. Bien sûr ce n’était même pas le but, et il n’avait même pas du réfléchir plus loin que l’envie de faire souffrir Dawn. Parce qu’il s’agissait de ça, de dévoiler son coeur meurtrit sur les réceptacle du coeur de Dawn… De sa part, c’était faible. Mais c’était fort, il n’aurait surement pas pu faire pire.

Elle ne s’était pas couchée. Parce que lorsqu’elle avait vu le désastre de la galerie, elle n’avait pas eu le courage d’abandonner là. Lorsqu’elle avait vu l’horreur que c’était, elle n’avait pas voulu laisser les gens de l’entretient rentrer. Ce n’était pas que des verres abandonnés et de la bouffe qui était tombé. C’était des bouts d’art, des bouts de coeur et des bouts d’âmes qui s’était écrasé ce soir. Elle avait tenu à ranger elle même, elle avait renvoyé tout le monde. Dawn ne l’aurait surement pas laissé faire, mais elle s’était occupée de Jack. Et Albane avait laissé faire. Ca l’arrangeait. Elle ne voulait pas la laisser ranger. Elle était restée un moment seule au milieu du carnage. Elle avait voulu s’en imprégné mais rien était venu. Elle était vide face à l’évènement. Et puis elle avait commencé à ranger. Elle avait commencé par ce qui n’était pas art, ce qui gâchait l’horreur, ce qui rendait mondain la tragédie. Elle était allé lentement, tous ses muscles éprouvaient la lassitude immense du vide. Lorsqu’elle était arrivé à l’art, ça avait été plus difficile, il avait fallu se demander quoi en faire. Pouvait-on en faire un puzzle, fallait-il tout garder, pour ce souvenir, ou tout bazarder, pour oublier ? Elle avait tout gardé, tout ranger, dans un coin, là ou Dawn ne tombera pas dessus par hasard, mais là ou ça ne bougera pas. Cette décision ce n’était pas à elle de la prendre, mais elle ne voulait pas lui imposer le carnage. Elle avait finit par se changer au milieu de la nuit, parce que la robe de coktail devenait désagréable pour des tâches si ménagère. Elle avait renfilé sa tenue de peintre.

L’aube s’était pointé et elle l’avait regardé avec une sensation étrange. Comme si la nuit n’avait rien effacé, rien, si ce n’est elle. La galerie n’était pas tout à fait finie d’être rangée, mais c’était mieux. Il restait les oeuvres les moins abîmées, celle qui tenait encore sur leur cadre. Mais Albane était partie faire une pause, elle était partie se faire un café, se recomposer pour la journée avant de retourner finir de ranger. Lorsqu’elle était revenue dans le Hall elle avait vu la silhouette de Dawn penchée sur l’une des toiles les moins abimées. Elle s’était glissée en douce auprès d’elle, et elle l’avait regardé, la gorge nouée, avec toute la tendresse qu’elle pouvait mettre dans un regard. « Laisse, je vais finir, je voulais que ça soit rangé pour quand tu reviendras, mais la nuit passe parfois plus vite qu’on ne le penses. » Elle souffla, doucement. Elle resta plantée devant Dawn, sans savoir exactement comment s’y prendre. Elle l’aurait bien serrée dans ses bras, mais ça pouvait ouvrir les vannes. Peut être qu’elle n’avait aucunement l’intention de pleurer. Doucement sa main vint chercher la sienne, emêlant ses doigts au sien, pour lui faire sentir sa présence. « Tu veux qu’on en parle ? » Elle pouvait dire non. Elle respecterait son besoin de silence. Il y a des choses que l’on a besoin de processer au fond de soit. « Si tu veux, tu peux rentrer chez toi, je finirais. Ou faire ce que tu veux d’autre. Je suis toute à toi s’il le faut. » Elle sourit, serrant sensiblement plus fort la main dans la sienne. Elle sentait ça, qu’elle ne la lâcherait pas ?
Revenir en haut Aller en bas
Dawn J. Baker
Dawn J. Baker
Messages : 599
Date d'inscription : 20/10/2014
Célébrité : Emma Stone
Crédit : fassylover & tumblr

ALBANE & DAWN - White lies Tumblr_msikkhe0Tl1s00ervo6_r2_250
Emploi : peintre, co-propriétaire du MOCA
love out loud : Won't you help me be on my way? So I can set me free.

ALBANE & DAWN - White lies Empty
ALBANE & DAWN - White lies EmptySam 14 Fév - 23:56
white lies

Cross my heart and hope to die, if you ever catch me in a white lie. I lay me down in the tall grass tangled in the weeds in my messy bed.


L’air était lourd, abîmé, acerbe, acide. Des parfums de vin, de bouchées, de peinture, de verre, de bois, de brulures, des odeurs acres, des sensations dures, rien n’était à sa place et rien ne retrouverait sa place non plus. Tout était brisé, et limite, je m’en fichais. Mes doigts parcouraient les courbes de la Jaune, les traits de pinceau, les couleurs qui se mélangeant, la couleur qui en ressort, qui m’agripper, qui me séduit. Qui m’a convaincu de crier hier, de l’arrêter, de l’immobiliser, de le supplier. Jack. Si à un moment de ma vie il avait été tout, hier il avait eu le réflexe, l’intention, l’envie, l’inspiration d’effacer toute trace de sa présence. Tout souvenir, toute mention, toute idée, toute image avait péri sous ses poings, sous ses coups, mais je ne l’avais pas laissé faire. J’avais voulu, ce pourquoi je ne m’étais pas opposé, oh non, à chacune de ses bourrasques. Mais lorsqu’il s’en était pris à cette mémoire, à ce moment que je voulais garder encré, profondément, j’avais commis l’irréparable. Celui de ne pas le laisser aller au bout de son dessein, celui de ne pas accepter la salvation qu’il m’autorisait, celui de refuser qu’il disparaisse complètement. J’avais creusé ma propre tombe. Albane se faufila à mes côtés, douce, avenante. Sa voix apporta un baume de chaleur sur mes larmes qui j’effaçai du bout des doigts, incapable de les assumer complètement, sachant que j’étais à la base même du problème, et que j’étais tout sauf prête à en connaître la solution. Elle était restée ici donc, cette nuit, à ranger. À amasser chacune des pièces, à ne laisser que peu de traces de ce moment peu glorieux, celui où ma vie privée s’était retrouvée étalée devant des gens que je ne connaissais pas et que je voulais tout sauf connaître. Ce scandale qui m’avait cloué sur place, qui m’avait retiré tout souffle, qui m’avait empêché de penser à autre chose qu’à l’horreur de voir ma vie défiler devant mes yeux sans la libération de la mort une fois le passage terminé. Non, j’allais devoir subir la suite, plutôt que de disparaître – encore une fois – avec toute la lâcheté dont je faisais preuve. « Tu n’avais pas à faire tout ça… » je m’excusai, tremblante, devant tant de bonté de sa part. Je savais qu’elle dormait peu elle aussi, que l’insomnie était notre nouvelle arme à toutes les deux, et la savoir ici, à recomposer avec le châtiment trop mérité que j’avais vécu la veille me terrassa de culpabilité. Il n’y avait pas que moi d’impliquée dans cette histoire. Il y avait lui, il y avait elle, il y avait les autres, il y avait tout le monde.

Elle me proposa d’en parler. De parler de Jack? De cette scène que je rejouais encore et encore dans ma tête? Du moment où je l’ai quitté, sordidement. De l’instant où il est réapparu, comme une ombre, comme une ombre horrible et malsaine et tellement désirée? De l’impression d’étouffer encore un peu plus, de celle de vouloir me cacher, de tout, de moi, de nous surtout. De l’envie de renier, sans vraiment vouloir m’en accorder le droit. Alors non, je ne voulais pas parler. Ou plutôt… « Je ne peux pas. » que je soufflai, détournant le regard, me relevant pour esquisser quelques pas, dans une direction que je ne reconnaissais pas moi-même. Je ne pouvais pas en parler. Je ne trouvais pas les mots, je n’en trouvais pas la force, je ne trouvais rien, rien du tout. Autre que je le méritais. Oui. Tellement. Rentrer, alors? Si j’en revenais au fait que j’avais quitté la maison justement pour fuir le moindrement les souvenirs que j’y rattachais maintenant, je ne pouvais pas non plus. Retour à la case départ. Celle où j’avais tout cassé, et où je m’appliquais à ramasser les pièces manquantes, blessantes, chantantes, se moquant de la situation dans laquelle je m'étais si habilement glissée, mais d’où je ne trouvais tout simplement plus la sortie. « Non, je préfère rester ici, avec toi. Merci. »

Albane, par sa simple présence, me calmait un peu. Je fis volteface pour me retrouver devant elle, n’essayant même pas d’esquisser un sourire, aussi faux soit-il. Elle savait. Elle savait tout, et n’avait rien dit. Elle m’avait simplement accueillit à bras ouverts, et avait été disponible lorsque j’en avais eu besoin. Elle avait toujours su tendre l’oreille, malgré mon incapacité à lui dire quoique ce soit pouvant me soulager. Elle n’avait jamais rien pressé, elle n’avait jamais rien osé, elle avait toujours attendu, sans pression aucune, sachant que j’avais mal. Le ressentant peut-être un peu, elle aussi. Je reconnaissais en elle de nombreux traits que j’arborais, et un regard las, perdu, expiré, qui se perdait parfois sur un passé douloureux, sur un avenir qui l’était encore plus et sur un présent qui était tout simplement impossible à suivre parfois. On parlait peu, et surtout pas de ces choses-là, mais chaque regard échangé, chaque idée entremêlée sonnait familier à mon sens, retour de l’ascenseur, idéation d’une histoire, commune, où chacune d’entre nous avait été brisée. Par un homme, mais surtout par elles-mêmes. Peut-être que nous l’avions cherché, mais nous étions incapables de prendre le blâme pour tout ce qui était arrivé, tentant plutôt de sortir la tête de l’eau, se convainquant que la lueur, la sortie, la solution n’était encore plus très loin. Mais à détailler avec appréhension le sol et les diverses toiles déchirées à mes pieds, je réalisai bien vite que la route serait longue avant de pouvoir enfin m’en sortir. Si un jour je me l’accordais, seulement. « J’ai vraiment tout gâché, n’est-ce pas? »
Revenir en haut Aller en bas
http://dawnattelo.tumblr.com/
Invité

ALBANE & DAWN - White lies Empty
ALBANE & DAWN - White lies EmptyLun 16 Fév - 18:51
white lies

Cross my heart and hope to die, if you ever catch me in a white lie. I lay me down in the tall grass tangled in the weeds in my messy bed.



Etrangement, Albane était plutôt une bonne amie. Pourtant elle n’avait pas nécessairement été éduquée de la sorte. L’éducation qu’elle avait connue appelait plutôt à une sorte de bienséance générale. Elle devait bien se tenir en public, noué des relations stables, mais surtout des relations de papier. Tout était relationnel. Elle devait être intelligente, polie etc. Elle avait été éduquée comme une princesse. Bien que la royauté ne reviendrait surement pas en France, cela semblait être quelque chose d’important, au moins pour l’éducation. Et les amis étaient quelque chose d’aussi important que dangereux. C’était à manier avec beaucoup de précaution. Albane avait toujours vaguement écouté ses parents sur le sujet. Ca l’ennuyait plutôt de voir tout le rationalisme dont ils pouvaient faire preuve dans leur relation. Elle ne trouvait pas cela particulièrement sain, et surtout elle trouvait cela ennuyant. Car si elle avait l’air d’être quelqu’un de particulièrement maîtrisée et posée, elle tenait à avoir une vie plus palpitante que ça. Et son esprit sautait toutes les deux secondes d’idées en idées. L’amitié était quelque chose de naturel, et Albane était quelqu’un de loyal. Certes elle l’était avec extrêmement peu de personne. Mais ces personnes comptaient. Dawn avec le temps faisait parti de ses personnes. Peut être que cette dernière n’en avait pas complètement conscience. Mais Albane se sentait bien avec elle. Elle avait été l’une de ses premières connaissances sur le territoire américain, et elle adorait sa manière de penser, sa manière de peindre. De plus Dawn était l’une des rares personnes à connaître son secret, et ce n’était pas une mince affaire.

Alors oui nécessairement elle était resté toute la nuit pour s’occuper de la galerie. Et vraiment ce n’était pas grand chose. De toute façon elle n’aurait pas pu faire autre chose. Les insomnies se faisaient assez régulière et si elle ne s’occupait pas elle allait devenir folle. Bien sûr elle pouvait trouver de quoi s’occuper chez elle, et elle passait aisément toute la nuit à peindre. Mais bon, puisque la veille avait été un massacre, et qu’elle avait une nuit d’insomnie devant elle, autant faire quelque chose. « Tu n’avais pas à faire tout ça… » Albane sourit et passa une main sur le bras de Dawn. « Bien sûr que si, c’est moi le boss ici. » siffla-t-elle en souriant. Bon il y avait Max aussi, mais Max était un dormeur, et elle ne lui aurait pas demandé d’abandonner son sommeil pour ranger un vernissage désastreux. De plus, elle était bien seule parfois. Cette nuit n’avait pas été si désagréable. Et elle avait été surement moins catastrophique pour elle que pour Dawn. Alors vraiment, il n’y avait pas de quoi la remercier. « Et puis vraiment, j’aurais détesté que tu arrives dans le désastre d’hier. » Elle lui fait un sourire triste. Elle se sent bête de lui rappeler. Mais elle suppose que Dawn ne penses qu’à ça de toute façon. « Tu mérites mieux. » Elle annonce en souriant. Et elle le penses. Albane a toujours vu énormément de potentiel en Dawn, même lorsque cette dernière ne croyait pas particulièrement en elle. Et s’il y a quelque chose pour lequel Albane est douée, c’est voir le potentiel. Dawn était peut être légèrement fragile, extrêmement sensible, et un peu dans son monde, elle avait la forme de talent la plus pure, et elle avait un esprit magnifique. Elle pourrait réellement faire de belle chose.

Elle lui proposa de parler de Jack. Elle ne savait pas vraiment si elle en avait envie, ou si elle se sentait de le faire, mais elle se devait de proposer. Elle se devait de lui montrer que si elle voulait en parler aujourd’hui, ou demain, ou plus tard, elle pourrait toujours. Elle tenait à se mettre émotionnellement accessible pour Dawn, notamment parce que penser au problème de Dawn l’empêcherait surement de penser aux siens. Ou peut être pas. Elle ne répondit pas directement aux mots de Dawn. Elle regarda le regard de son amie la fuir. Elle la regarda se lever. Son visage reste assez impassible. Elle ne la juge pas. Elle est juste là, réceptacle de ce que Dawn pourrait vouloir déposer. « Je serais là, quand tu pourras. » dit-elle avec beaucoup de tendresse. Elle sait que des gens ont besoin de parler. Peut être que Dawn n’en aura jamais besoin. peut être qu’elle se contentera toujours de la peinture comme seul moyen d’expression. Mais que ça soit pour la peinture ou pour discuter, elle serait là. Elle hocha doucement la tête lorsque Dawn insista pour rester ici. Elle n’avait rien à redire, elle était contente de passer du temps avec elle. Il était dimanche et le musée était fermé à cause du vernissage, elles avaient donc toute la journée. Ce n’était pas un problème. « Tu as envie de faire quelque chose de particulier ? » Demanda-t-elle ? En réalité Albane avait plusieurs idée, mais elle ne voulait surtout pas brusquer son amie. Dawn était légèrement plus sensible qu’elle, ou alors moins habile pour dissimuler ses sentiments. En même temps elle était particulièrement douée pour ça. C’était presque perturbant.

Elle se demanda si elle était autorisé à bouger. D’un côté elle était plutôt pour finir de ranger rapidement, simplement pour passer à des activités demandant moins d’énergie. Mine de rien cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas couché, et son corps réclamait une pause. En même temps elle ne voulait pas brusquer Dawn. Et son amie avait l’air d’être dans un état léthargique second. On aurait presque pu la prendre une pour une somnambule. Et tout le monde savait qu’il ne fallait pas brusquer les marcheurs du sommeil. Elle resta donc planté là, à planifier dans sa tête le chemin la plus simple pour ranger les derniers détails, gardant tout de même un oeil bienveillant sur Dawn. Notamment dans le cas ou elle déciderait de parler. Lorsqu’elle parla effectivement, le coeur d’Albane se serra sensiblement. Elle fit une moue désolé, avant d’hausser les épaules. La réponse évidente à la question était oui, probablement. Mais cela ne voulait rien dire tout gâcher pour le moment. Aujourd’hui c’était cassé. Mais demain ? La preuve, elle avait beau être haït de toute ses forces de Dimitri ça ne leur avait pas empêcher de se sauter dessus presque sauvagement la dernière fois. Alors honnêtement, la réponse était plus difficile qu’un simple oui. « Si ça peut te rassurer j’ai plutôt assuré moi même dans le domaine. » elle souffla, étrangement souriante. En réalité elle retenait un rire particulièrement nerveux. Mais si ça pouvait lui arracher un sourire, ça serait pas mal. « On s’en remet. » Enfin, peut être, plus ou moins. Elle aurait du dire qu’on pouvait vivre avec. Parce qu’elle même n’en était pas remise. En même temps elle n’essayait pas non plus. Elle se complaisait tout de même plutôt bien dans sa douleur. « Et parfois les autres peuvent te surprendre. » Jack, ou n’importe qui d’autre. « Ou toi même pour ce que ça vaut. » Typiquement elle n’aurait pas pensée tombée amoureuse de Dimitri après l’avoir détruit. Dans le genre décision débile. « Il t’aime toujours. » c’était l’évidence même. Il ne fallait être débile pour ne pas s’en rendre compte. Quel homme qui s’en balance détruit toutes les oeuvres de son ex. Elle pourrait parler plus. Mais elle ne penses pas que c’est une bonne idée. Dawn va être lente aujourd’hui et c’est aussi bien comme ça. Elle attrape un balais et commence à balayer le plus gros de ce qui traîne sur le sol.
Revenir en haut Aller en bas
Dawn J. Baker
Dawn J. Baker
Messages : 599
Date d'inscription : 20/10/2014
Célébrité : Emma Stone
Crédit : fassylover & tumblr

ALBANE & DAWN - White lies Tumblr_msikkhe0Tl1s00ervo6_r2_250
Emploi : peintre, co-propriétaire du MOCA
love out loud : Won't you help me be on my way? So I can set me free.

ALBANE & DAWN - White lies Empty
ALBANE & DAWN - White lies EmptyMar 10 Mar - 12:50
white lies

Cross my heart and hope to die, if you ever catch me in a white lie. I lay me down in the tall grass tangled in the weeds in my messy bed.


Et si j’arrêtais de me battre, tout simplement?

Parce qu’au final, je l’avais pris, la décision. Et je l’avais assez assumée pour ne pas y réfléchir longuement, pour ne pas m’y arrêter, pour ne pas en discuter avec lui, même. Assez pour faire mes bagages, pour me glisser hors du lit, pour tirer un trait sur tout ce qu’on avait construit, pour tenter très fort de l’oublier, chose complètement impossible et encore plus douloureuse que tout ce que je m’étais infligé depuis. Et oui, j’étais partie. Et oui, je l’avais fui. Et oui, j’avais filé plus haut, j’avais traîner mes maigre valises chez Max qui avait eu le malheur, ou le bonheur ou du moins, l’hasard de m’écrire dans la journée, me proposant de venir voir la galerie qu’il venait de lancer avec Albane. Je ne me sentais plus moi-même dans un corps trop serré, trop statique, trop bloqué pour réfléchir lorsque j’avais noté l’adresse sur un bout de papier tiré d’une des pages noircies de Jack. Je respirais durement, de plus en plus à la recherche de mon souffle lorsque j’étais allée dormir tôt ce soir là. Lorsque je m’étais fait violence pour ne pas réveiller Bates, pour ne pas tout lui dire, pour ne pas accepter de suite sa bague, pour ne pas devenir la Dawn que j’espérais tant être, au fond. Pour lui. Toujours pour lui.

Je m’étais choisie de la plus horrible des façons ce soir-là et je ne sais pas si je me le pardonnerais un jour.

Mais je pouvais au moins faire une trêve avec moi-même. Au moins pour aujourd’hui. Au moins après cela. Au moins pour quelques heures. Au moins pour quelques minutes. Au moins pour… Albane m’empêcha de sombrer de nouveau en brisant le silence, son contact sur moi me rassurant de suite. Elle était ma patronne, dans les faits oui, mais surtout une amie. Une confidente, à qui par le regard j’arrivais à tout dire. Je levai la tête vers elle, mes prunelles croisant les siennes, allant y puiser un peu de courage, de chaleur, d’humanité, le temps de reprendre mes esprits. Le désastre. Celui que j’avais causé, par moi-même et moi seule. La catastrophe d’un homme que j’avais brisé pour arrêter de me briser moi-même. Sa détresse que j’ai sentie dès les premiers gestes, dès les premiers cris, dès les premières larmes. J’ignore où je trouvai la force de m’accrocher à Albane pour ne pas détailler de nouveau les restes de mes toiles à nos pieds, dans les coins plus cachés, ceux où elle n’avait pas eu le temps de passer déjà. Ces toiles dont je sentais la présence comme s’il s’agissait d’éclat de mon âme, de ma tête, horrible métaphore de ce qui se passait en moi depuis des mois déjà. Probablement  pour cette raison que j’avais été si lente à réagir, lorsque Jack s’était emporté, la veille. Pour l’avoir vécu intérieurement déjà, encore et encore, toujours, j’y étais habituée. Endolorie. Gelée. Aseptisée. Immunisée. « C’étaient de vieilles toiles de toute façon… ça me forcera à retourner en atelier. » que j’assumai, tellement fausse, tellement lasse, tellement désabusée que ma gorge se serra de ne pas me reconnaître. Albane y verrait la blague. Une toile n’a pas d’âge. Des couleurs ne peuvent pas se démoder, ne peuvent pas s’épuiser. Au contraire. Elles se renforcissent. Elles s’affinent. Elles se gorgent de puissance. C’était surement pour ça que ça faisait encore aussi mal, au bout de mes doigts.

« Tu mérites mieux. »

La blague. Je ne méritais rien du tout, si c’était que je méritais quelque chose. Je n’oserais même pas valider cela, tellement je doutais de ce que mon karma aurait à me répondre. « Crois-moi, il aurait pu faire encore pire que je l’aurais tout à fait mérité. » Je n’étais pas victime. Je n’étais pas une pauvre proie en cavale. J’étais une erreur. Une foutue erreur de fabrication, qui fuit son bonheur pour autre chose. Plus beige. Pas rouge. J’eus besoin de fuir là, de marcher, de respirer, d’oublier encore un peu. Et je me levai, la laissant derrière, l’entendant me confirmer qu’elle serait là. Je souris. Parce que c’était ce qui restait à faire. Parce que c’était doux, rassurant. Parce qu’autrement, j’aurais fini par errer, ailleurs, pour les mauvaises raisons. Mes doigts s’attardaient sur les pinceaux que je laissais traîner sur mon bureau à l’entrée de la galerie lorsque je l’entendis me demander ce que je voulais faire. Qu’est-ce que je voulais bien faire, d’autre, de nouveau? Déjà, de prendre la décision d’arrêter de me battre me ferait un bien fou. Lâcher prise, respirer, vivre autre chose, m’isoler. Je pinçai du pouce et de l’index les fibre de on pinceau préféré, stupide rituel que j’avais développé à New York, celui où Jack et moi nous… je m’interrompu. Déjà pour lui demander si j’avais tout bousillé, surtout pour l’entendre me répondre à son tour qu’elle n’avait pas eu de situation plus glorieuse non plus. « On s’en remet. » L’espoir fait vivre, paraît-il. Je fronçai les sourcils toutefois, faisant volte face dans sa direction, intriguée. « On ne s’en remet pas, jamais. On pallie, on tente de poncer les fissures, on croise les doigts en espérant que les tuteurs qu’on construit tiendront la route. Mais on ne s’en remet pas. Pas complètement. » que je m’entendis lui répondre, douce, résolue, constatant l’inévitable. Je ne me voulais pas négative, ni pessimiste, ni dramatique. Mais je n’avais jamais cru même possible de m’en remettre, pour la simple et unique raison qu’il avait été ma vie pendant toutes ses années. Et que si je m’en remettais, j’effaçais tout cela. Aussi douloureux que cela serait toujours, je ne pouvais pas. Je n’étais pas prête, mais surtout, je n’en étais même plus capable. Trop de force diluée, trop d’espoir renié, trop tout.

Jack me surprendrait toujours. Moi pour la peine, je me décevrais encore un peu avant d’engourdir le mal et de la cacher bien loin au fond de ma tête. Mécanisme d’auto-défense ou simple aptitude à éviter la douleur lorsqu’elle devenait trop lascive, trop aïgue, trop mortelle. « Il t’aime toujours. » Mortelle. Mortelle. Le reste tourna de suite, mes oreilles s’engourdirent et je titubai, me rattrapant sur le mur à mes côtés, ou sur n’importe quoi d’autre. Non, non, non, non, non. Pas d’amour, rien, aucune marque, aucune impression, aucune idée. J’évitai de répondre, de montrer quoique ce soit, de réagir, mais à l’intérieur, les fissures s’agrandirent, brulèrent, me déchirèrent encore un peu. Non, mortelle.

J’attrapai avidement les pinceaux que je tenais maintenant comme si rien d’autre ne comptait et m’avançai rapidement vers Albane. « Je veux peindre. » L’appel à l’aide qui se glissa entre mes mots me semblait tellement fort et agité que je cru jusqu’à la dernière minute que je parlerai la voix haute, tremblante, cassée. Mais non. Calmement, je m’approchai de mon amie, l’invitant à me suivre dans l’atelier que Maxence avait aménagé à l’arrière de la galerie, pour des moments comme ceux-ci. Il avait probablement imaginé plus heureux, mais voilà, c’était tout ce que je pouvais lui offrir là, de suite.
Revenir en haut Aller en bas
http://dawnattelo.tumblr.com/
Invité

ALBANE & DAWN - White lies Empty
ALBANE & DAWN - White lies EmptyMer 25 Mar - 22:48
white lies

Cross my heart and hope to die, if you ever catch me in a white lie. I lay me down in the tall grass tangled in the weeds in my messy bed.

L’ambiance était lourde, pesante. Dawn et Albane étaient différentes. Cela ne les empêchait pas de s’adorer, et de pouvoir se comprendre. C’était juste un fait. Elles se ressemblaient à peine. Et si elles avaient quelques points communs, notamment au niveau de leur passion. Mais elles n’avaient jamais géré leur vie de la même manière. Pour commencer Albane avait toujours connu Dawn avec un homme, Jack, et maintenant Aidan. Albane au contraire avait presque toujours été célibataire, et ne s’en était jamais plainte. Albane faisait clairement partie des filles qui étaient célibataires par choix et qui n’aurait aucune peine à se trouver un petit ami décent si seulement elle se donnait la peine de chercher. Dawn avait les gestes lents, poétiques, souvent emprunt de nostalgie, lorsqu’au contraire les gestes d’Albane était vif, analytique et généralement raisonné. Cela découlait surement du faite qu’Albane était d’avantage une copiste et une experte en histoire de l’art qu’une artiste, contrairement à Dawn qui pourrait surement vivre de son art. Le coup qui avait été porté à son ami semblait être un poignard planté en elle qui ne cessait de saigner. Albane avait beau essayer de tâter le terrain pour savoir ou mettre ses mains pour stopper l’hémorragie, elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire. surement qu’au fond, elle ne pouvait rien y faire. Dawn devait surement trouver un moyen de se pardonner et d’avancer, de passer à autre chose. Ou alors elle devait faire tout ce qu’elle pouvait pour le reconquérir si elle le souhaitait. Elle ne jugerait pas. Mais éventuellement - et probablement assez rapidement - elle devrait faire un choix. Autant commencer par se pardonner avant de faire ce choix décisif.

Elle cherchait à faire bonne figure et Albane réprima un soupire. Dawn n’avait pas besoin de faire semblant avec elle. Elle n’était pas restée debout toute la nuit pour voir un pantin mal articulé au petit matin. En réalité elle n’était pas non plus totalement resté debout jusqu’au petit matin pour les beaux yeux de Dawn, mais en parti. Elle sourit néanmoins « Retourner en atelier, c’est une bonne idée. » souffla-t-elle pour accompagner son sourire. Elle continua à ramasser les quelques bouts de toiles restant, les déposants en un tas bien ranger sur une table. Elle finirait plus tard. Pour le moment l’heure n’était plus au rangement. Elle resta un moment silencieuse devant sa réponse. Elle comprenait le sentiment. Elle le comprenait, elle le partageait, elle serait surement capable de passer toutes les horreurs que Dimitri serait capable de lui faire pour essayer d’éteindre sa culpabilité. Mais ça ne changerait rien ? On avait pas le droit de s’abîmer, peut importe la raison. En amour si tous les coups semblaient permis, on ne devait pas commencer à tenir des comptes. « La violence ne résous jamais rien. » C’était une évidence. Et il était drôle de voir comme Albane était étonnement pacifiste sous ses airs de grande guerrière. « Il a souffert, tu as souffert, je vous trouve égaux. » Oeil pour oeil, dent pour dent, ce n’était pas ça le dicton ? « Tu devrais commencer par te pardonner. » C’était l’hôpital qui se foutait de la charité lorsqu’on y pensait. Mais on était là pour parler de Dawn, pas d’elle même. Et puis ce qu’elle avait fait à Dimitri c’était autre chose que d’avoir refuser une demande en mariage pour finir par en épouser un autre. Oui ça craignait, ou il avait surement fait les choses comme une manche. Mais elle était trop jeune, trop paniquée. Elle avait fait ce qu’elle avait pu. Elle ne lui avait pas planté intentionnellement un couteau entre les deux côtés pour son petit plaisir.

Lorsque Dawn répondit à sa promesse de rémission, elle ne s’attendit pas à une telle réponse. Elle resta muette, les yeux vides tourné vers Dawn. Son jugement était impitoyable, et si elle avait raison c’était… horrible. Elle ne voulait pas vivre le coeur parsemé de cicatrice. Elle ne voulait pas vivre comme Dawn. Peut être qu’elle pouvait mettre sa douleur dans son art. Et peut être qu’elle c’était toujours dit que les relations les plus douloureuses étaient toujours les plus belles. Mais un jour ou l’autre ça allait toujours mieux. Peut être parce qu’un jour on finissait par mourir, tout simplement. « Alors on ne le laisse pas filer si on ne peut pas s’en remettre. » Elle n’avait pas voulu dire ça. C’était sortit tout seul. Elle pouvait supporter de sourire pour une relation à partir du moment ou il en y avait encore une. Elle pouvait souffrir à cause de Dimitri si elle se battait encore pour lui. Si elle l’abandonnait définitivement au côté de la route, elle l’oublierait, elle s’en remettrait. Sinon c’était qu’elle avait fait le mauvais choix. Et si après coup elle trouva sa phrase extrêmement dur et déplacé au vu de la situation de Dawn, elle n’avait pas pu s’en empêcher.

Le temps s’étendait lentement, lourdement, l’air était rempli des sentiments que Dawn laissait échapper un peu partout sur son passage. Elle ne savait pas quoi faire pour réparer cette situation. Lorsqu’elle vit Dawn se pencher sur les pinceaux, elle ne put retenir un soupire de soulagement. Dawn avait effectivement besoin de s’activer, et peut être que peindre lui ferait du bien. « Allons-y » souffla Albane dans un sourire. En marchant elle évacua les tensions dans son cou en faisant quelques petits ronds de la tête, et en faisant craquer ses os. Albane se laissa guider jusqu’à l’atelier arrangé par Maxence entre autre pour Dawn. Souvent Albane se contentait de peindre dans son propre bureau. Peut être parce qu’elle le faisait entre ses pauses de boulot, et qu’elle n’allait pas s’amuser à faire des aller et retour jusqu’à l’atelier en question. Le reste du temps elle peignait chez elle, dans son propre atelier. Mais il était certain que lorsqu’elle était dans la galerie elle n’avait guère le temps de s’enfermer dans un atelier pour peindre. Elle sortit une toile de la remise, et tira à elles un chariot de couleur. « Tu veux que je peigne avec toi ? » souffla-t-elle doucement. Sinon elle pouvait regarder. Elle pouvait jouer à la professeur comme elle avait pu le faire avec Callie.
Revenir en haut Aller en bas
Dawn J. Baker
Dawn J. Baker
Messages : 599
Date d'inscription : 20/10/2014
Célébrité : Emma Stone
Crédit : fassylover & tumblr

ALBANE & DAWN - White lies Tumblr_msikkhe0Tl1s00ervo6_r2_250
Emploi : peintre, co-propriétaire du MOCA
love out loud : Won't you help me be on my way? So I can set me free.

ALBANE & DAWN - White lies Empty
ALBANE & DAWN - White lies EmptySam 2 Mai - 20:54
white lies

Cross my heart and hope to die, if you ever catch me in a white lie. I lay me down in the tall grass tangled in the weeds in my messy bed.

C’est n’importe quoi. N’importe quoi parce que je l’avais cherché, n’importe quoi parce que je l’avais mérité, n’importe quoi parce que je ne me sentais pas la force de l’assumer. Après être partie cette nuit-là, après m’être extirpée d’une vie qui m’étouffait, d’un quotidien où je ne me retrouvais plus alors que je ne faisais qu’un avec lui, j’aurais cru que revenir à l’air libre, à ma liberté pure et dure règlerait tout. Oui, je m’attendais à avoir mal. Oui, je savais pertinemment que j’en souffrirais longtemps et durement, mais à mes yeux, il n’y avait aucune autre issue. Aucune autre façon de faire, lorsqu’on se cherche, que de partir et de tenter de se retrouver. Mais je m’étais perdue en chemin, si ce n’était au tout début. Je m’étais perdue dans une autre ville,  dans la vie d’un ami d’avant qui m’avait offert la chambre d’amis en espérant retrouver mon sourire d’antan. Je m’étais perdue à travers ces buildings, ces emplois, ces opportunités, ces demandes. Je m’étais perdue ici, à la galerie, en refusant d’y faire ce dont j’avais rêvé depuis si longtemps, recueillant le poste de réceptionniste à défaut de me sentir la force de faire quoique ce soit d’autre. Je m’étais perdue entre Albane et Maxence, entre leurs rêves, leurs idéaux, leurs vies et la mienne. Je m’étais perdue au bras d’Aidan, cette soirée où il m’avait invité à un vernissage d’un artiste qui m’émouvait jadis, mais qui aujourd’hui était perdu sous les degrés d’avant. Je m’étais perdue avec lui, retrouvant le confort, la sécurité, la douceur, retrouvant des bribes d’avant, espérant plus que ce que je vivais de toute façon, par procuration. Je m’étais perdue dans ce café le jour où son regard avait croisé le mien, et je m’étais perdue 6 mois plus tard lorsqu’il avait posé le genou au sol, me confirmant que mon père acceptait, me souriant de ses belles dents blanches, ses iris étincelants, me détaillant comme s’il n’avait jamais rien vu de pareil. J’avais eu mal, revivant chacune des secondes de San Francisco, ces mots, ces maux, qui étaient sortis de sa bouche, si forts que je les avais espérés, mais tard, trop tard. Tar pour moi, parce que j’avais réalisé que je n’étais plus rien, et que j’étais tout à la fois. Tard.

Et maintenant, il était tôt. Si tôt. Trop tôt, pour son retour, pour Jack et tout ce que ça signifiait, pour cette sensation au creux de mes hanches qui me tenaillait, qui m’avait suivi dès l’instant où j’avais reconnu sa silhouette la veille, et qui était restée jusqu’au taxi, jusqu’à la maison, jusqu’à maintenant. Albane avait beau tenter de panser les plaies, elle pouvait y mettre tout l’amour, tout le temps, tout l’espoir qu’elle voulait, c’était trop tôt. J’aurais cru pouvoir m’en remettre aussi rapidement que je l’aurais voulu. J’aurais presque cru oui, parce que ça me semblait si lointain, si réaliste mais tellement impossible que peut-être, juste peut-être ça aurait pu. Ou pas. « Alors on ne le laisse pas filer si on ne peut pas s’en remettre. » Non, ça ne se fait pas. C’est inconcevable. C’est l’amour et on ne peut pas le prédire, on ne peut pas le demander, on ne peut pas le soutenir, on ne peut pas l’oublier. Mais j’étais trop engourdie pour réaliser l’étendue de tout le mal que j’avais pu faire, en croyant bien faire, justement.  Et maintenant, je ne pouvais plus fuir. Je ne pouvais plus partir d’ici, comme je l’avais fait d’ailleurs. Je ne pouvais pas répéter les mêmes erreurs encore et encore et toujours, même si c’était bien ce avec quoi j’étais la plus à l’aise, au final. J’hochai la tête, lourdement, évitant le regard d’Albane parce qu’elle savait, au final. « Tu as raison. » Voilà, elle disait vrai. C’était ça le pire, mais surtout le meilleure. Ça ne pouvait pas être pire que de toucher le fond, n’est-ce pas?

Je me traînai jusqu’à l’atelier où déjà, l’odeur de peinture fraîche me monta au nez. La lumière était close, et je tatônnai le mur à la recherche de l’interrupteur, préférant la noirceur à tout autre chose dans l’instant. Mais si je voulais avoir le moindrement une idée de ce qui se tramerait sous mes yeux, si je voulais laisser les brosses et les couleurs et les traits et les idées me changer d’air, m’amener ailleurs, j’aurais besoin de lumière. De clarté. Et ce n’était pas qu’une métaphore. « Tu veux que je peigne avec toi ? » Albane me suivit parce que je l’invitai du bout des lèvres, souriant, acceptant. Je savais déjà qu’elle m’aurait laissé tout l’air dont j’avais besoin parce qu’elle ne doutait pas une seule seconde que je voudrais ma solitude. Pourtant, là, à l’instant, la solitude était ce qui me poussait à bouger, à ravaler, à espérer. Et je ne voulais plus être seule, plus jamais. Pas avec lui, pas avec eux, mais avec moi-même. Je ne me reconnaissais plus, je ne le voulais pas plus, et si Albane pouvait se sacrifier et se charger de rester un peu, juste un peu, rien qu’un peu tout près, si ce n’était qu’aujourd’hui, ou demain, ou toujours. Une main, lointaine, un souffle, vivant, c’est tout ce dont j’avais besoin pour le moment. Tout, ou lui. « Tiens, prends. » je lui tendis son propre pinceau, me dirigeant presqu’automatiquement vers la table où les divers tubes de couleurs étaient alignés, désordonnés ou ordonnés dans le désordre. Je choisis une, deux, trois tubes, et quelques galets. L’eau dans un gobelet était presque neuve d’avoir été changée en début de soirée la veille, par mes soins, et j’y passai mon propre pinceau simplement par habitude. Je peignais encore depuis ma fuite, Aidan m’avait laissé aménager la remise attitrée à la demeure familiale pour en faire mon atelier, mais ce n’était plus pareil. Ce n’était plus les matinées ensoleillés à San Francisco, les cafés au lait d’amande, les jeans tâchés que j’oubliais de changer ou que je gardais toujours sur moi, par amour de leur confort, aussi, surtout. Je me fichais de ce à quoi je ressemblais, là, mais maintenant, avant, j’ai changé, je crois. Bref. Ce ne serait pas la première fois où je constatais toutes mes différences, de toute façon. « Ce canevas est énorme… » que je laissai glisser, remarquant une toile vierge appuyée au mur, de plusieurs mètres. Habituée à peindre sur de plus petits gabarits, je sentis la peintre en moi vouloir relever le défi simplement pour changer la routine. Celle qui m’étais si chère, pourtant. « On s’y colle? » Déjà, j’attirais le canevas vers moi, le disposant bien plat au sol.
Revenir en haut Aller en bas
http://dawnattelo.tumblr.com/
Contenu sponsorisé

ALBANE & DAWN - White lies Empty
ALBANE & DAWN - White lies Empty
Revenir en haut Aller en bas
 :: Les Archives :: La salle des archives :: RPs
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» mouth full of white lies ft. Ariadna
» Albane I. Bonaparte - maison à Hollywood
» MAÉ & DAWN - you've got the love
» CHRONOLOGIE - Dawn J. Baker
» such great heights - dawn